TRAICTE DE L'EPILEPSIE,
Maladie vulgairement appellée au pays de Prouence, la gouttete aux petits enfans.

Compofé par M. Iean Taxil, Docteur en Medecine, natif des Sainctes Maries, Medecin d'Arles.

A Lyon, M. DCII.


Livre I, Chapitre VIII

Que les enfans qui naiffent au defaut de la Lune font foibles, & delicats, fubiects à l'Epilepfie, & pourquoy.


Tous les naturaliftes Aftrologues, & medecins, quand l'occafion fe prefente difent, & l'experience nous le confirme, que les enfans nez au defaut de la Lune font foibles, delicats, fubiects à l'Epilepfie : mais leurs raifons fur ce fubiect font diuerfes, car ceux qui nient l'influence, le referent à la chaleur, & à l'humidité, que nous confere la Lune : les autres à l'influence fim- | plement: mais quant à moy i'eftime que l'vne & l'autre raifon à lieu en cecy, cõme en beaucoup d'autres effects qui nous arriuent du ciel, & n'eft impertinent que quelque qualité manifefte fauorife l'influence, non plus que la qualité chaude aux medicamens ne nuit point à la faculté formelle de purger, qui eft en iceux, ains au contraire leur fauorife, & leur ayde, & de tout ce que nous pouuons rendre raifon, à priori, c'eft folie de mettre en ieu l'influence, mais au contraire, où il y à encore quelque chofe qui ne nous fatisfaict pas entierement, il faut de neceffité recourir là, ce que ie fais librement quand l'occafion fe prefente. Pour donc bien entendre cefte matiere, il faut fçauoir que Dieu le createur, & formateur de cefte machine ronde, creant les cieux, leur donna des puiffances indicibles pour la generation & entretien de toutes les chofes terriennes, les marquetant d'vne milliaffe d'eftoiles, toutes différentes en energie, & vertu, tendent toutesfois à difpofer, mouuoir, & aduencer toutes les chofes qui font foubs cefte voulte azurée, à produire & engendrer leur femblables, entre lefquelles le Soleil, & la Lune tiennent le premier rang, l'vn efclairant le iour, duquel il eft autheur, & faifant fes operations actuellement en ce temps là, & la Lune efclairant la nuict, faifant de mefme fes operations en ce temps, lors qu'elle eft en fa pleine vigueur & authorité : & ces deux grands luminaires que dict Moyfe, | ou yeux du monde, comme les appelle Orphée en fes facrez hymnes, le Soleil & la Lune, fe font eux qui principalement viuifient toutes chofes, & fans la prefence defquels nulle generation pourroit eftre faicte, toutesfois (comme nous auons dict de toutes les eftoiles en general) ils font fort differens en vertus, & puiffances, encore qu'ils tendent à mefme fin : car le Soleil en fes qualitez manifeftes eft chaud & fec, & la Lune eft humide, c'eft à dire, que de leurs corps fortent telles vertus que l'on void le Soleil efchauffer, & deffecher, & la Lune humecter, & refroidir : par ces puiffances diuerfes, ils s'accordent fi bien que comme le mafle, & la femelle (bien que differens en temperament, & vertu) toutesfois par leurs copulations, & coniõctions, ils produifent leurs femblables : auffi le Soleil & la Lune (que les anciens fort proprement foubs vne belle allegorie ont dict eftre l'vn le coq, au plumage dor, & l'autre la poule, au plumage d'argent) par leurs frequentes copulations & conionctions (laquelle fe faict toutes & quantes fois que la Lune fe cõioint auec le Soleil en faifant fon cours par les fignes du zodiaque) ils gettent & diftillent ça bas en la terre, le fecond germe duquel tous les iours fe forment, vne infinité des chofes diuerfes en efpece, & nature, y fauorifant & confentant neantmoins tout le College celefte. Que fi ces deux grands flambeaux fuffent eftez tous deux d'vne mefme faculté, & puif- | fance, tant s'en faut que les generations s'en feuffent mieux enfuiuies, que mefme nulle chofe feuft efté engendrée. La raifon eft, qu'en toute generation y ayant befoing de matiere, & d'efficient, afin que la forme y foit introduicte & que ce qui eft caufe materielle ne peut eftre caufe efficiente, ny au contraire ce qui eft caufe efficiente ne peut eftre caufe materielle, puis que le Soleil eft caufe efficiẽte des generations, comme chafcun aduouë, & la verité du faict eft touchée au doigt, & rapportée foubs noz fens, il falloit de neceffité, que la Lune foubftint & germaft l'autre caufe qui eft la materielle, autrement rien ne feuft efté, ny feroit fait. Tout ny plus ny moins qu'en noftre femence, s'il ny auoit que des efprits, & de la chaleur, ou qu'il ny euft que de la matiere, ou humidité aqueufe, rien ne pourroit eftre engendré, mais il faut de neceffité que l'vn & l'autre y foit, fçauoir l'efprit chaud, & bouïllant, caufe efficiente de la generation, & la fubftance aqueufe, & humide caufe materielle, & l'vn ne peut eftre en façon quelcõque, l'autre ny auoir fes vertus, auffi le Soleil tenant lieu de mafle, à la generation, & d'efficient, imprime la forme par fa chaleur energique à chaque chofe, & leur donne la chaleur viuifique, autant qu'il eft conuenable à leur nature, fans luy donner aucun empefchement, & la Lune tenant lieu de femelle, fermente & paitrift par fes rayons, boulẽge, ramollift, & difpofe la matiere pour | receuoir la forme que l'efficiẽt leur veut dõner, & les actions vitales de fon frere le Soleil ; I'ay dit expreffement, le Soleil tenant le lieu de mafle, & la Lune de femelle, à fin d'ofter le mal entendre, que le Soleil eftant en vigueur auec la Lune, puiffent comme mafle & femelle engẽdrer toutes chofes ; car ils cooperent feulement auec les femẽces de ça bas, les mettant en vigueur, & forftifiãt leurs qualités, tellement que la fentence d'Ariftote eft tref-veritable, que le Soleil & l'homme, engendrent l'homme, & le Soleil auec la plãte, engendrent la plante, eftant les femences & leur vertus efueillées par ces deux aftres, ou organes principaux de ce monde, comme les appelle Mercure Trimegifte, au fon & harmonie defquels toutes creatures, tant raifonnables qu'irraifonnables fe refueillẽt, efiouiffent, & prennent force, & vigueur, bref le Soleil & la Lune au recit de Platon, ce font comme deux grands Monarques, qui fegneurient, & ont commandement fur toutes les chofes de ce vafte & fpatieux theatre du mõde : mais encore que ces deux grands aftres foyent merueilleufement forts & puiffants, cela ne les garde pas non plus que tous les autres aftres, que leur vertu ne foit meliorée & changée par les autres aftres leur voyfins ; car au recit de Ptolémée, le Soleil eft temperé en fa chaleur par Saturne, Iupiter, & Mars en deffus, & par Venus, Mercure, & la Lune en deffoubs, eftant fon Ciel ainfi logé au mi |E1| lieu des autres planetes, comme vn Roy au milieu de fon Royaume, dict Galen, & l'Efté lors qu'il eft ioinct auec la Canicule, il renforce fa chaleur, tellement qu'il tient à peu qu'il ne nous brufle, & principalement ceux qui ont pour Zenith la ligne Eclyptique, & vne infinité d'autres altérations qu'il reçoit en fes vertus qu'il feroit trop long à reciter : car felon les fignes ou il eft logé, en paffant par le Zodiaque, il nous faict incontinent fentir les changemens qu'il reçoit, ainfi auoit-il befoin de changement, comme tous les autres aftres, pour la generatiõ & entretien des chofes de ça bas. La Lune comme ayant vne vertu plus molle & patiente, qui eft en humidité, & eftant fituée au plus bas Ciel commodément reçoit la vertu des autres aftres, qui faict qu'elle fouffre tant, & tant de changement, par ces feux Etheriens, que lon l'a faict Dame & maiftreffe du changement mefme, l'appellant les Poëtes Inconftante, & Variable, à cefte occafion, ceft elle felon fes diuers afpects, qui nous faict tantoft voir le Soleil auec fon beau crain doré, tãtoft obfcurcy, tãtoft nubileux par fon accouplement auec les poiffons, ou auec les pluuieufes hyades, elle nous donne la pluye, & au cõtraire auec Mars les vents : bref elle nous caufe ça bas vne infinité de varietez : mais s'il y a changement en cefte Lune, & en fes vertus, cela luy arriue encore plus fort par le Soleil, que par nul aftre, parce que, ceft luy qui nous l'a faict pa- | roiftre à nos yeux (comme auffi tous les autres corps Etheriens) & qui luy donne la lumiere qu'elle nous monftre auoir, qui luy faict chãger tous les iours de face, & de grandeur : bref c'eft luy qui luy dõne & cõmunique le mieux de ce que nous receuons d'elle pour les generations. Et qui ne diroit que ceft eftre cognoit & fent le befoin qu'il à du Soleil ? quand nous le voyons tous les moys fans faillir, recourir, & venir de nouueau à iceluy pour auoir fa compagnie, & prendre de ces vertus ? & tout ainfi que la femelle va rechercher la copulation de fon mafle : ainfi ceft aftre auec une vifteffe & cours incomprehenfible, va rechercher le Soleil, fon mafle, tantoft le coftoyant, tantoft le ioignant corps à corps, & tantoft le regardant face à face, bref iamais elle ne le perd de veuë, finon par quelque Eclypfe, au grand intereft & deftriment des chofes de ça bas ; & pour l'incomparable amour, que c'eft aftre à de fe ioindre auec le Soleil, comme la femelle auec fon mafle, les anciens Philofophes difoyent que c'eftoyent animaux… Or comme cefte belle Diane au front d'argent, reçoit & emprunte de la clarté du Soleil, eftant enclofe dans icelle l'energie & vertu d'iceluy, y eftant difie dans cefte lumiere, fa chaleur viuifique & generatiue enclofe à mefure qu'elle à de cefte lumiere, à mefure auffi eft elle participante de fa vertu, ou bien pour mieux dire (eftant les corps celeftes purs & fimples, non fubiects aux alerations) la ver- |E2| tu froide & humide de la Lune, eft temperée par la chaleur & ficcité du Soleil, à mefure qu'elle en reçoit de lumière, & la chaleur du Soleil eftãt plus forte qualité, que la froideur de la Lune & l'humidité de la Lune plus forte que la ficcité du Soleil, cefte torche argentine par ce moyen eftant fes vertus meflées & ainfi temperées par celle du Soleil, elle vient à nous influer & donner vne chaleur moderée auec vne humidité, lefquelles qualitez eftant femblables aux humiditez fubftantifiques fang, efprit, & chaleur naturelle de noftre corps, elle vient à augmenter les fubftances, & par confequent vient à fortifier & viuifier nos corps, car à ces fubftances fe tiennent attachez les plus proches inftrumens de l'ame, & par lefquels tous les autres font accelerez à leur charges, mais comme la chaleur du Soleil eft celle qui met en effect l'humidité de la Lune, & tous ces proprietez occultes, & à nous incognues, qui luy fert de vehicule, cõme de lumière, à mefure qu'elle fe rend apparente, elle à plus de vertu deffus nos corps, de les refiouyr, efueiller, efchauffer, & viuifier, ce que l'experience, maiftreffe de toutes chofes nous tefmoigne oculairemẽt : car au plain de la Lune lon void les corps animez plus vigoureux, les cerueaux plus plains, les veines & arteres plus gonflées, & les moyles des os plus abondantes, voyre mefme tous les fucs nourriciers de toutes les plantes, font plus abondans en ce temps-là qu'en autre, & les | huiftres & autres poiffons à coquille font plus gras & refais, car c'eft aftre fe plait toufiours aux humiditez, comme chofe plus femblable à foy, c'eft auffi la raifon pourquoy la mer Oceane, ou les rayons de la Lune frappent plus à plain, pour eftre plus grand que la noftre, par la prefence de ceft aftre fenfible, & croift eftant attenuée, par vne chaleur debile en fes parties aqueufes, qui plus vapoureufe & meflée parmy l'eau enflent, & font chercher à cefte mer plus larges marches, & confins, encore que cefte augmentation ne fe voye clairement en toutes les autres mers, ny riuiere, comme en celle-là, toutesfois noz pefcheurs recoignoiffent manifestemẽt l'accroiffement de l'eau, non feulement à noftre mer Mediterranée, ains encore aux eftangs & riuieres, auec lefquels parlant familierement de ce faict, pour en tirer la verité par l'experience, m'ont dict l'auoir fouuent preuué aux eftangs, & à la riuière du Rhofne mefme, par certaines marques qu'ils font contre vn bafton fiché dans l'eau. Mais lors que ce bel œil de la nuict vient à perdre fa clarté, & par cõfequent fa chaleur empruntée retournant à foy, fes vertus ne nous font plus fi validemẽt eflancées, & encore font elles tant mal plaifantes (au moins des plus manifeftes) à noftre nature, que l'on void pour lors que les corps fe debilitent, les veines fe languiffent, les herbent fe fanent, les cerueaux fe r'enferment, les moëlles fe fechent, les mers fe retirent, bref |E3| tout ce qui auparauant par la prefence de la pleine Lune, auoit pris accroiffement, auoit vermillonné fon tain de la vertu d'icelle, fe retire en foy, & charge la couleur pafle, par l'abfence de ce grand flambeau. Si ces deux animaux lunaires, le Panthere, & le Cynocephale nous eftoient communs & familiers, comme ils font aux peuples du Leuant, nous verrions chofes efmerueillables en iceux, car le premier, qui eft le Panthere, courbe & abaiffe fes cornes à mefure que la Lune mefme decroit, & à vne tache fur la cuiffe qui luy croit, & decroit, à proportion de la Lune mefme. Albert le grand recite cela, ce que ie crois tãt plus facilement, quand i'entens que tous les naturaliftes difent, que la pierre nommée Silenite, ou Silenitrope, eftant noire comme iayet, à vne tache blanche, qui croift, tourne, & s'efmeut tout ainfi que la Lune. Et l'autre animal, qui eft le Cynocephale, fe cache, ne boit, ny mange tant que la Lune n'a point de clarté, tant ces animaux font lunatiques : lefquels font tellement viuifiez par ceftre aftre, que l'on cognoit des marques de foibleffe & douleur manifefte en eux, lors que la Lune eft abattue, & à perdu fa clarté : & la formis ne reçoit elle pas grande vertu & imbecillité de la Lune, veu qu'elle trauaille & de nuict, & de iour, & lors qu'elle eft au plain, mais au defaut d'icelle, elle eft impuiffante du trauail, felon ce que les naturaliftes en efcriuẽt ? aux hommes ces changemens arriuent auffi : | mais non pas fi manifeftement comme à ces animaux, car eftant animaux plus folaires, & eftant raifonnables, ils ne font en cefte façon affoiblis qu'ils demonftrent telle trifteffe, parce qu'ils font auffi fortifiez par la raifon. Que s'il y à quelqu'vn qui foit defttyué & defuetu de cefte belle robbe par le defaut des organes, comme par l'intemperie du cerueau, foit fymphatique, ou idiopathique, lorsque le defaut de Lune arriue, on le void plus lãguiffant, ombrageux, & defuoyez de leur iugemẽt naturel en ce temps là qu'en nul autre, parce que le cerueau eft affoibly en ce tẽps là, nous voyons encore manifeftement le changemẽt qui eft faict à noftre nature en ce deffaut lunaire, par la faignée que nous faifons de la faluatelle pour la guerifon de fiebure quarte, car plufieurs en gueriffent pour lors, & nõ pas en autre temps. Or eftans ainfi tous animaux, & par cofequent l'homme, affoiblis, & plus flacs au defaut de la Lune, qu'en autre temps d'icelle, tant à cause de fa clarté, que vertu occulte. Il f'enfuit que leur femence eft en ce temps là plus debile, & de moindre vertu (car c'eft fur ces humiditez fpiritueufes en laquelle domine principalement) & s'enfuit que le fœtus engendré alors, fera de moindre vertu, & de plus courte vie : mais dira-on, vous eftes vn pauure Charretier, vous prenez trop grand peur de tomber, cela n'eft pas la queftion, il peut eftre que les enfans engendrez au defaut de la Lune ferõt |E4| foibles, delicats, & de courte vie, mais tombons de noftre afne, deuuidons noftre queftion, les enfans nez au defaut de la Lune feront-ils tels, fçauoir, foibles, & delicats, voyre feront-ils fubiects à l'Epilepfie ? Ie refpons que la matiere meritoit pour fon eclairciffement de faire fi grand tour, & prendre les matieres à fond, & que dés lors que i'ay eu preuué & donné des raifons pour faire accroire que les enfans font plus foibles, eftant engendrés au defaut de Lune qu'en autre quadre d'icelle, i'ay paracheué mon œuvre. Car fi tu fupputes & contes bien, tu trouueras que le figne du Zodiaque, ou logera la Lune à l'heure de la conception, fera celuy mefme qui fe prefentera, & leuera fur l'horizon à l'heure & inftant de la natiuité, & le figne auquel eft la Lune au temps de la natiuité, eft celuy qui montoit fur l'horizon à l'heure de la conception, tant eft grande l'harmonie entre ces trois, fçauoir eft, la Lune, la Conception, & la Natiuité, cela ne te couftera guieres à conter, fuppute les deux cens feptante iours, qui eft le commun terme felon Hippocrate, que les enfans demeurent au ventre maternel, autant à rebours depuis la natiuité iufques a la conception, comme i'ay faict, & tu trouueras la verité du faict, correfpondant à l'authorité de Ptolomée, au cinquantiefme aphorifme de fes fentences, fur les iugemens aftrologiques, de façon qu'eftant ainfi la natiuité femblable à la conception, fi l'enfant naift en Lune | debile, il fera foible & delicat, pour auoir efté engendré, en mefme quadre Lunaire, voyla pourquoy on dit en commun prouerbe, quand on void vn homme bien quarré, & bien cõplexionné ; ô que celuy là à efté planté en bonne Lune. Et l'enfant né en Lune débile eftant ainfi delicat, fon cerueau eftant farcy de force pituite, facilement par vne putrefaction il fe pourra engendrer ce Virus, que nous auons dit eftre la vraye caufe prochaine, & immediate de l'Epilepfie. Ie fçay bien que lon treuuera quelque contraire experience à cecy ; car lon verra des enfans d'vne mefme femme, & mefme pere, & celuy qui fera né au deffaut de la lune, fera plus fain & plus fort, que celuy qui fera au plain d'icelle, qui fera au contraire fort delicat & maladif : mais pour cela il ne faut pas reietter nos raifons, ains eftimer que la Lune comme nous auons dit, prend vertu du Soleil, & fi fait-elle bien des autres aftres, tellement que fi elle eft logée en vn bon figne ou viril, comme celuy du Lyon à l'heure de fon deffaut, l'enfant fera plus fort que ne fera celuy qui fera engendré au plain d'icelle, lors que la plufpart des planetes, où feulement Mercure & la Lune, comme veut Ptolemée, feront aux fignes humides & malins. Et faut icy noter, que la vertu de ce deffaut lunaire, n'eft pas feulement communiquee à l'hõme, ains encores à d'autres animaux, comme aux pouléts,comme tous le |E5| monde fçait, lefquels s'ils viennent à efclore fur le changement de la Lune ou fur le terluc, pour parler felon le cõmun Idiome prouençal, ils font Epileptiques, & meurent la plufpart de ce mal. Voyla l'authorité de Galen interpretée, qui dit au troifiefme liure de diebus decretorijs, chapitre fecond, auec plufieurs autres, que les enfans nés au deffaut de la Lune font fubiects à l'Epilepfie, eftant foibles & fort delicats : voyla donques comme on peut rapporter beaucoup d'effects aux qualités manifeftes de la Lune, & des autres aftres ; mais toutesfois fi faut-il cõfeffer quafi entre toutes les chofes, quelque autre vertu fecrette que nous appellons influence, autrement ce feroit entrer en grand labyrinthe, & feroit-on en trop grande peine de refpondre à toutes les obiectiõs, tout ainfi que ceux qui veulent rẽdre raifon de la durée des boys qui font couppés au deffaut de la Lune, en niant les influences, diroyent que l'humidité qui auoit efté conferée aux arbres, eftant en fon plain : alors qu'elle eft à fon deffaut, cefte humidité rend les boys plus exempts de putrefaction : mais que refpondront-ils, quand on leur mettra en ieu les boys qui portẽt toufiours rame, lefquels au contraire eftant coupés au deffaut de la Lune, fe corrõmpent & putrifient toft à rebours, eftant coupés au plain ou croiffant d'icelle, ils durent tout vn monde. De mefme entre les herbes les oignons : car contre le naturel de toutes les ra | cines ils font plus fucculens, & plus gros en Lune debile, qu'au plain d'icelle ; à quoy pourroit-on referer cela, finon à quelque occulte vertu celefte, outre cefte chaleur & humidité ? refte encores à noter (chofe que i'auois oublié a dire, & qui n'eft pas mal à ce propos) que les parts & enfantemens sõt laborieux en ce deffaut de Lune qu'en autre temps, d'où vient qu'anciennement les femmes à l'heure de l'accouchement reclamoyẽt la Lune, foubs le nom de Lucine, affin de leur aider en ceft acte, la raifon de cela, à mõ aduis, eft que la Lune par vne certaine vertu, à grand'communication & familiarité auec la matrice des femmes, & auec leurs mamelles, d'où vient qu'elles vuident ordinairement tous les mois, felon le cours d'icelle, & s'empliffent les mamelles de l'aict, & par fa chaleur empruntée & humidité fienne, refiouit & conforte (comme toute autre chofe viuante) la mere & l'enfant. Or eftant ainfi les parties baffes des femmes en ce temps là humectées & ramollies, & la mere & l'enfant fortifiés, il n'y a point de doubte que le part ne foit par telle occafion plus heureux, ou au contraire au deffaut de la Lune, par l'abfence de cefte vertu lunaire, l'Vterus eftant plus fec, & l'enfant & la mere plus debiles, le part pour lors eft laborieux & dangereux.