Petrus CRINITUS

(Pietro Riccio, 1465 – 1505)



L'honorable discipline.
(1504)

Livre XXV.

(Traduction A. D. – 2007)



LIVRE XXV - Chapitre Ier.


Quels hommes sont le plus sujets au mal comitial (épilepsie) et par quelles raisons on le sait; tiré d'Apulée et d'autres.


Aristote le philosophe et certains médecins affirment que le mal comitial frappe surtout les personnes qui souffrent de mélancolie et excellent par l'intelligence et les connaissances, ce qu'Aristote prouve abondamment dans ses Problèmes [1]. Mais il m'a semblé bon de rapporter ici certains exemples qui peuvent prouver que le mal comitial affecta le plus souvent les hommes qui se distinguèrent par la hauteur de l'intelligence et la grandeur de l'âme. Et tout d'abord, si les médecins appelèrent cette maladie mal d'Hercule, la seule cause en est qu'Hercule en souffrit. Jules César, déjà parvenu aux derniers temps de sa vie, devint sujet à des pertes soudaines de connaissance et même des terreurs qui interrompaient son sommeil; de plus, selon Suétone [2], l'épilepsie le saisit deux fois en pleine action. Plotin lui aussi, l'éminent philosophe (dont Porphyre a réparti les livres en Ennéades), était affligé de cette maladie, comme on le lit dans les commentaires des Grecs. J'omets les nombreux autres cas signalés par les auteurs. Notons tout de même qu'Apulée, dans son discours au proconsul Claude [3], nous apprend que les anciens appelaient cette maladie non seulement grand mal, mais aussi mal divin et mal sacré, parce qu'elle sévit principalement dans la partie rationnelle de l'homme, qui est de loin la plus sacrée. C'est pourquoi il fut contraire à la religion, chez les Romains, de s'adresser au peuple [4] alors que quelqu'un était en proie au mal comitial dans le sénat. Les grammairiens ont vu dans cette superstition l'origine de la dénomination mal comitial.

De là ce poème qu'on lit dans A. Serenus [5] :

« Il y a une sorte de maladie subite, qui tient son nom
De ce qu'elle nous empêche de voter validement.
Souvent, en effet, provoquée par une funeste faiblesse des membres,
Une chute horrifiante rompit l'assemblée du peuple.
Selon le dieu lui-même [6], celui qui est sujet à de telles attaques
A été conçu pendant la nouvelle lune. »

Parmi d'autres opinions sur cette maladie, celles-ci sont signalées par nos médecins : après que la tête a été accablée de pesanteur, la nuque s'engourdit, les tempes elles-mêmes battent comme sous des coups, les oreilles tintent, des gouttes de salive et une écume viennent aux lèvres et, par moments, les yeux tournent. On dit d'ailleurs que la guérison est plus difficile pour ceux en qui la partie droite du corps est le plus affectée. Ce qu'Aristote confirme lui aussi, pour ne pas parler d'Hippocrate et de Galien, qui ont écrit des livres entiers sur cette maladie. Et on n'ignore pas que Livius Drusus (qui fut tribun de la plèbe), souffrant d'une telle maladie, se rendit en hâte à Anticyre et qu'après avoir pris de l'ellébore dans cette île, il guérit.

Aulu-Gelle, qui nous a conservé ce fait dans ses Nuits attiques [7], l'avait trouvé dans l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien [8]. De tous les êtres animés autres que l'homme, seules les cailles sont considérées comme sujettes à l'épilepsie, comme l'ont noté les auteurs antiques.




 LIVRE XXV - Chapitre II.


Sur les noms des auspices des anciens et sur la façon superstitieuse dont on les observait, tiré des grammairiens antiques.


Sur les auspices des anciens, Cicéron, Augustin et d'autres auteurs fournissent bon nombre de renseignements, car les Romains faisaient précéder d'une consultation des auspices l'accomplissement d'à peu près tous les devoirs publics ou privés. Les auteurs mentionnent entre autres les auspices célestes, pédestres, salutaires, canins, funestes, caducs, piaculaires, ou encore les auspices prohibitifs (cliva) et obstructifs, qui empêchaient qu'une chose fût faite. Car les anciens avaient coutume d'appeler cliva presque toutes les choses ardues et difficiles, d'où le mot clivi appliqué aux lieux escarpés. Ils parlaient d'auspices célestes quand le tonnerre ou la foudre se manifestait. Les Romains pensaient qu'il était contraire à la volonté divine de s'adresser au peuple par temps d'orage [9] et c'est pour cette raison que, dans les livres des Etrusques, Jupiter tonnant et fulgurant fut appelé Elicien [10].

On appelait pédestres, dit Festus, les auspices qu'on tirait du renard, du loup, du serpent, du cheval et des autres quadrupèdes; salutaires [11] ceux qu'on tirait de la trépidation [12] des poulets, comme nous l'avons dit ailleurs. On appelait canins, parce que des chiennes rousses y étaient immolées, les sacrifices faits en faveur des moissons, contre la nielle et la mauvaise influence de l'astre de la canicule [13]; on appelait funestes les auspices où le cœur manquait dans les entrailles ou la tête au foie; on parlait d'auspices caducs si quelque chose tombait dans le temple où se faisait la prise d'augure, par exemple si l'augure venait à laisser tomber de sa main la baguette dont on se servait pour observer et interpréter les auspices; on appelait piaculaires ceux qui annonçaient quelque chose d'affligeant et de sinistre, quand la victime s'était échappée de l'autel, ou que, frappée, elle avait poussé un gémissement, ou encore qu'elle était tombée sur une autre partie du corps que celle qu'il fallait. J'omets maintenant les auspices tirés du chant des oiseaux et les auspices royaux, qui sont traités par d'autres auteurs, notamment Festus Pompeius. Sur les auspices qu'on tirait des pointes de lance, je n'ai pas appris assez jusqu'ici, bien que Cicéron les mentionne dans ses livres Sur la divination [14] :

« Nos ancêtres, dit-il, ne voulurent pas qu'une opération de guerre fût engagée sans une prise d'auspices préalable; depuis combien d'années les expéditions sont-elles dirigées par des proconsuls et des propréteurs qui ne peuvent pas prendre les auspices ! Ils traversent donc les cours d'eau sans prendre les auspices, ils se passent du tripudium. Quant aux présages tirés des fers de lance (auspices typiquement militaires), M. Marcellus, qui fut cinq fois consul, n'en a jamais tenu compte, et pourtant c'était un grand capitaine et un augure excellent. »

Enfin, les augures antiques observaient cinq sortes de signes dans les auspices, savoir ceux qui venaient du ciel, des oiseaux, des trépidations, des quadrupèdes et des malheurs. Festus Pompeius expose cela soigneusement, à partir des observations de Verrius Flaccus.




LIVRE XXV - Chapitre III.


De quelle ampleur fut l'érudition du prêtre Esdras et avec quelle mémoire admirable il ordonna et organisa la philosophie des Hébreux; et quelques notions sur la kabbale, des lèvres de Pic de la Mirandole.


Au sujet de l'Hébreu Esdras, on rapporte cette chose très remarquable, qu'il avait acquis une érudition si extraordinaire en traitant des lois et de toutes les matières d'étude des Hébreux, qu'il avait leurs doctrines entièrement en mémoire; et qu'en outre, il avait changé l'alphabet des Juifs pour les tenir à l'écart des peuples de Samarie, et qu'il répartit la théologie sacrée en volumes et l'organisa dans l'ordre où bientôt, sous le règne de Philadelphe, elle fut traduite en grec par les Septante. Jérôme et d'autres auteurs anciens le tiennent pour vrai, au point de le signaler parmi les choses étonnantes et remarquables de l'histoire des Hébreux. Et je ne dois pas omettre ici ce que j'ai entendu dire de nos jours à Pic de la Mirandole, alors qu'il étudiait ces œuvres sacrées avec soin et intérêt :

« L'interprétation de la loi divine, dit-il, que Moïse reçut de Dieu lui-même fut parfois révélée d'esprit à esprit [15] et appelée kabbale. Ce mot désigne chez les Hébreux ce que nous appelons science secrète; la raison de cette appellation est que cette doctrine se reçoit non dans des écrits, mais quasiment par droit héréditaire, par des révélations successives de personne à personne. Mais quand les Hébreux eurent été libérés par Cyrus de leur captivité à Babylone et que, le temple ayant été restauré sous Zorobabel, ils portèrent leur esprit à réformer la Loi, Esdras, alors chef religieux de l'assemblée, après avoir amendé l'œuvre de Moïse, comprit qu'à cause des exils, des massacres, de la fuite et de la captivité du peuple israélite, il ne serait pas possible de continuer à transmettre la doctrine de mains en mains comme les ancêtres l'avaient institué et que les secrets qui lui avaient été révélés par inspiration divine disparaîtraient s'ils n'étaient mis par écrit, le souvenir ne pouvant en subsister longtemps, décida que les savants encore en vie seraient convoqués et que chacun mettrait à la disposition de tous ce qu'il avait retenu des mystères de la Loi. On fit noter les paroles de ces savants par des sténographes et on en composa LXX volumes, car c'est au nombre de LXX que les savants étaient venus dans le sanhédrin. Si on ne s'en fie pas à moi, qu'on écoute Esdras lui-même : « Après quarante jours, le Très-Haut parla, disant : “ La première partie de ce que tu as écrit, publie-la, pour que tout le monde la lise. Mais tu garderas les soixante-dix derniers livres pour les confier aux sages de ton peuple. Ceux-là, en effet, contiennent la veine de l'intelligence, la source de la vraie sagesse et le fleuve de la science. ” Et je fis ainsi [16]. Tels sont, dit Pic, les soixante-dix livres de la science de la kabbale, dans lesquels se trouvent, comme Esdras eut raison de le proclamer avant tout, la veine de l'intelligence, c'est-à-dire l'ineffable théologie de la très haute divinité, la source de la sagesse, c'est-à-dire la métaphysique complète des formes intelligibles et angéliques, et le fleuve de la science, c'est-à-dire une très solide philosophie des choses de la nature. Le pape Sixte IV, après s'être informé de ces livres avec le plus grand empressement et un zèle incroyable, les fit traduire en latin dans l'intérêt public de notre religion, œuvre que la mort l'empêcha d'achever. De nos jours, les Juifs ont tant d'estime et de piété à l'égard de ces livres que personne chez eux ne peut les toucher avant l'âge de quarante ans. Et il est étonnant de voir à quel point la doctrine de la kabbale elle-même concorde avec les dogmes chrétiens, et comme on y trouve en de nombreux endroits des choses qui se lisent couramment dans Paul, Denys, Jérôme, Augustin et les autres maîtres de notre religion. »

Ainsi parla Pic. Et peu après, il reporta ces paroles dans son œuvre écrite, lui, le seul homme de notre époque qui, pour sa science étendue des faits et des doctrines, puisse être comparé à toute l'antiquité.




LIVRE XXV - Chapitre IV.


Ce que les jurisconsultes entendent par prescription des cinq pieds  dans le bornage; et ce qu'en dit Cicéron dans ses livres Sur les lois.


Des hommes instruits ont demandé naguère ce qu'il faut entendre par l'expression “prescription des cinq pieds”, qui se lit dans notre droit civil. Pour s'excuser de ne pas le savoir de façon satisfaisante, Laurent Valla et bon nombre d'autres se contentaient d'alléguer que Joannes Bailardus, le plus compétent des jurisconsultes, avouait ingénument qu'il l'ignorait. Il ne nous semble donc pas sans intérêt d'exposer tout cela soigneusement. Il faut donc savoir que cette expression est prise de la Loi des XII Tables, où il était question des cinq pieds à propos des usucapions. Toutefois, la prescription des cinq pieds  fut supprimée des Digestes de l'empereur Justinien [17], ainsi que beaucoup de choses qui, comme nous l'apprend le jurisconsulte Sextus Caecilius, avaient été abolies à cause de leur obsolescence. Mais on transposa des lois de Solon dans les Douze Tables la procédure à suivre pour débattre des bornages quand il serait question de l'espace de cinq pieds. En effet, Plutarque nous apprend que Solon légiféra comme suit en matière d'usucapions [18] :

« Si quelqu'un plante quelque chose dans son champ, qu'il reste à cinq pieds du voisin. 
Si c'est un figuier ou un olivier qu'il plante, qu'il reste à neuf pieds » ;

car les racines de cette sorte d'arbres vont plus loin et causent donc du tort aux voisins. Le jurisconsulte Caius cite lui aussi la loi de Solon sur les bornages à peu près en ces termes [19] :

« Si quelqu'un plante une haie ou place une clôture en torchis près du terrain d'autrui, qu'il n'outrepasse pas les limites;
S'il élève un mur, qu'il laisse un pied de distance; s'il construit une maison, deux pieds.
S'il creuse un sépulcre ou une fosse, qu'il laisse un espace égal à la profondeur.
S'il creuse un puits, qu'il laisse un pas : s'il plante un olivier ou un figuier, qu'il laisse neuf pieds.
Pour les autres arbres, qu'il garde cinq pieds. »

Ceci a fourni à Cicéron la matière d'une plaisanterie élégante et savante, quand il a dit qu'il ne permettrait pas que le domaine de l'Académie soit dévoré par les stoïciens : « puisque les Douze Tables, dit-il, ont voulu que l'usucapion se fasse dans l'intervalle des cinq pieds..., parce que leur sentiment ne diffère que sur les fins suprêmes et qu'ils s'accordent sur tout le reste » [20]. 

Julius Nypsus [21] parle de ces choses dans son livre dédié à Celse [22] sur l'arpentage des champs : « La prescription des cinq pieds une fois écartée, dit-il, la procédure judiciaire concernant un conflit de bornes ou de lieux se poursuit librement. » Dans ce livre, il cite des lettres des empereurs Théodose et Valentinien, qui prescrivaient de supprimer une telle action en bornage [23].




LIVRE XXV - Chapitre V.


Où on examine ce qu'était la déesse Tutulina mentionnée dans les livres des pontifes; et où on s'intéresse aux prêtres porteurs du tutulus dans le poème saturnien.

Dans les livres des anciens qu'on appelait livres pontificaux, on trouve mention d'une déesse Tutulina, dont le nom, selon l'interprétation de Varron, vient de tutando (veiller sur, protéger). Ainsi, par exemple, nous lisons qu'Ennius habita près du sanctuaire de Tutulina, comme l'a écrit Portius. On lui vouait un culte très pieux, au point qu'on estimait devoir faire un sacrifice expiatoire si d'aventure quelqu'un l'invoquait sans avoir pris les auspices. C'est pourquoi il est noté dans les cérémonies antiques :

« Qu'on observe les fêtes (féries) si quelqu'un a nommé Salus, Semonia, Setia, Segetia ou Tutulina sans avoir pris les auspices. »

Augustin [24] rapporte que la puissance de Tutulina présidait à la protection du blé, comme Nodinus [25], Patelena et Hostilina, sur lesquelles nous avons déjà donné les renseignements souhaitables. Quant aux prêtres tutulati, ils étaient appelés ainsi parce que, dans les cérémonies, ils portaient sur la tête une sorte de mitre qu'on appelait tutulus, usage que les prêtres chrétiens ont en somme conservé jusqu'à nos jours. Les mères de famille appelèrent aussi tutulus des cheveux enroulés sur le sommet du crâne, comme le dit Varron [26], qui, traitant du poème saturnien, disserte abondamment sur les Argées et les tutulati.
Sextus Pompeius [27] semble d'un autre avis, puisqu'il entend par tutulus un ornement de la tête des épouses des flamines qu'on faisait tenir au sommet du crâne par de la pourpre attachée aux cheveux. De là les soldats coiffés du tutulus [28] et le célèbre dieu Tutanus, invoqué, dit Varron [29], par tous les hommes dans le malheur, parce qu'il leur apportait protection et secours. Tutélaires, en effet, étaient les dieux qui furent appelés lares, paternels et grands; et les annales des anciens célèbrent les sacrifices en l'honneur des dieux tutélaires, au cours desquels on demandait la protection et le salut de la ville comme à des puissances sûres. Fulgence [30] a expliqué tutulus comme désignant le voile dont les prêtres romains se couvraient la tête quand ils pratiquaient les sacrifices, ce dont il atteste Varron et Numa. D'où, dit-il, ce vers de Virgile [31] :

« Et devant les autels il se couvrait la tête d'un voile phrygien  ».




LIVRE XXV - Chapitre VI.


Que les mots lapidare et lapidationes ont plusieurs sens; et ce que signifient lapidescere et lapire.


Les mots lapidare et lapidationes ont des significations multiples et diverses. Ainsi, nous lisons dans les récits de prodiges de caelo lapidatum, dans le sens qu'il plut des pierres, comme les auteurs le mentionnent souvent. De là ce que dit Suétone à propos de la mort du César Germanicus [32] : « Le jour où il mourut, les temples furent lapidés, les autels des dieux renversés, et il y eut des gens qui jetèrent à la rue les lares de leur famille. » En revanche, nous devons comprendre une lapidation commise contre quelqu'un comme le fait de lui jeter des pierres. Même des Romains des premiers rangs furent ainsi traités quand, après une conspiration, le peuple se rua sur eux et les lapida. Cicéron emploie ce mot en plusieurs endroits, et notamment à propos de la conduite de Clodius [33] : « Marcellinus, dit-il, à qui on se plaignait avec véhémence des incendies, des meurtres et des lapidations de Clodius, prononça cette sentence...». Macrobe [34], parfois trop enclin aux expressions hardies et nouvelles, a employé lapidare, de façon assez inélégante, dans le sens d'invectiver et noter d'infamie. A propos de la causticité du poète Laberius et de ses vers contre César, il dit en effet :

« Tout le peuple romain tourna les yeux et le visage vers le seul César, dénonçant ainsi son excès de pouvoir stigmatisé par ce sarcasme. »

On appelle encore chemins delapidata ceux qui sont couverts de pierre, comme le rapporte Sextus, et on emploie dilapidare dans le sens de prendre d'assaut [35] et de gaspiller; elapidare est dans Pline pour enlever les pierres. Chez le même, lapidescere ne signifie rien d'autre que se durcir et se pétrifier, ce que les Grecs appellent λιθόειν :

« Plongées dans la rivière Silarus, dit-il, au-delà de Sorrente, non seulement les branchettes mais aussi les feuilles se pétrifient. » [36].

De même formation sont les mots notescunt, senescunt, caulescunt, virescunt, opulescunt, lutescunt et autres semblables, dont on dit que Furius Antias se délectait, bien que Cesellius Vindex lui reproche d'avoir ainsi corrompu la langue latine. On trouve souvent chez Pline l'Ancien ce même mot lapidescere, ce qui était fatal dans un inventaire si varié des choses et dans la description de l'œuvre multiple de la nature. En revanche, Pacuvius a fait dans une tragédie un emploi assez insolite de lapire pour se raidir [37] :

« Sous l'effet de l'inquiétude, le cœur se raidit, les tribulations accablent le corps »,

ce que Nonius a eu soin d'observer [38].




LIVRE XXV - Chapitre VII.


Comment les anciens appelaient la manne; son usage et sa connaissance chez les médecins; et un mot sur la manne d'encens.


Il y a peu, j'eus à faire à Venise et j'assistai, comme cela arrive, à une conversation d'hommes instruits au cours de laquelle j'eus la bile échauffée, pour ne pas dire envie de rire, à cause de l'ignorance de certains médecins qui, comme il était question de la manne, affirmaient, avec autant de hardiesse que d'ignorance, que l'introduction de la manne chez nous ne remonte pas à de nombreux siècles et n'eut pas lieu avant l'époque de Galien. Cela est très éloigné de la vérité, puisque l'usage médical de ce que nous appelons la manne est déjà attesté sous le règne de Tibère, même si les auteurs romains appellent la manne d'un autre nom, comme ce fut le cas pour beaucoup d'autres choses en rapport avec les besoins de la vie. Cette opinion peut s'appuyer de Cornelius Celsius [39], selon qui certains ulcères guérissent si on les enduit de miel additionné de sumac syrien ou d'amandes amères. Dans ce passage de Celse, il faut entendre par sumac syrien ce que nos médecins nomment manne hébraïque, dont le suc, comme il appert du nom sumac syrien, était jadis d'usage courant chez les peuples de Syrie. Plusieurs auteurs ont traité de ce sujet. Dioscoride, en particulier, en parle abondamment dans son ouvrage dédié à Arius et rapporte que la manne dite ἔγχονδρος [40] se reconnaît comme étant celle de l'encens à sa blancheur particulière. Il dit aussi qu'elle s'adultère si on lui ajoute de la résine de pin ou une suie très fine qu'il appelle γύριν [41]. Certains entendent la manne là où le poète Stace parle de « parfums de Palestine et de Judée » [42].  Le poète Orphée cite aussi la manne parmi les parfums à brûler. J'omets Galien et d'autres autorités médicales qui nous appuient en cette matière. Aujourd'hui, on prise beaucoup la manne dite calabraise, qui est recommandée quand elle est blanche et friable. Il ne manque d'ailleurs pas de gens qui la préfèrent à la manne syrienne. Enfin, il ne m'échappe pas que ce que Pline et d'autres appellent « manne » dans l'encens, ce sont les parcelles broyées : « Dans l'encens – dit Pline – nous appelons manne les parcelles broyées  » [43]. Chose que n'a pas ignorée Barbarus Hermolaus, investigateur assidu et scrupuleux de tout ce qui concerne l'antiquité.




LIVRE XXV - Chapitre VIII.


Signification de minor mulcta  et maxima chez les auteurs anciens; et punition des injures selon les XII Tables.


Les auteurs qui traitent de droit civil nous apportent des renseignements nombreux et variés sur les peines en vigueur chez les Anciens. Mais je crois bon de noter ici ce que les grammairiens nous ont transmis sur l'amende minimale et l'amende maximale. Ainsi, dans les XII Tables, on désigne par « vingt-cinq as  » le montant auquel s'élevait l'amende minimale pour ceux qui avaient fait injure à quelqu'un. Ainsi en disposent les Douze Tables [44] :

« Si quelqu'un fait une injure autrui, que la peine soit de vingt-cinq as  ». 

Alors, en effet, chacun des as en usage parmi le sénat et le peuple romain pesait une livre, comme le dit le jurisconsulte Sextus Caecilius. Je n'ignore pas qu'un peu plus tard, cette loi des vingt-cinq as fut abolie et rejetée par les préteurs, et que des juges récupérateurs furent chargés de faire réparer le dommage causé par une injure, ce que rapporte Labéon, cité par Aulu-Gelle dans ses Nuits attiques [45]. Il est connu, en outre, que ceux qui avaient été condamnés à cette amende étaient marqués de ces lettres : « V. Q. A. L. C. S. », c'est-à-dire :

« Vigintiquinque asses legitime condemnati sunto,
Qu'ils soient légitimement condamnés à vingt-cinq as. »

Sur la peine maximale, qu'on appelle summa  ou suprema, Pompeius [46] a écrit ceci : « Les anciens appelèrent amende maximale l'amende de trois mille vingt as, parce qu'il était interdit de condamner quelqu'un à une amende de plus de trente bovins et deux ovins et que le bovin était estimé cent as et l'ovin dix as ».  On conserva longtemps à Rome l'usage de faire payer les auteurs de délits par ces têtes de bétail elles-mêmes, qui, d'ordinaire, constituaient leur richesse. Ce fait que la richesse consistait en têtes de bétail (pecudes) est à l'origine des mots pecunia  et  peculium  (pécule), comme l'attestent Columelle [47] et de nombreux autres auteurs. Il ne m'échappe pas qu'Aulu-Gelle pense autrement sur ce point; en effet, il écrit, d'après l'autorité de Varron, que l'amende minimale correspond à un seul ovin : « Puisqu'il a été cité, dit-il, et n'a pas comparu ni été excusé, moi je prononce contre lui une amende d'un ovin ».  Et Cicéron parle ainsi des peines : « Il y a dans les lois, dit-il, huit sortes de peines : l'amende, la prison, la fustigation, le talion, l'ignominie, l'exil, la servitude, la mort » [48].  L'an dernier, alors que je me trouvais à Ferrare, dans le palais du prince Hercule, j'ai beaucoup discuté de ces choses avec le juriste Pandolfo Collenuccio, qui, de nos jours, cultive toutes les disciplines antiques avec un zèle exceptionnel.




LIVRE XXV - Chapitre IX.


A quel point il faut fuir l'État où les richesses sont plus prisées que la vertu, et pourquoi, dans les cités, ce sont ordinairement les hommes très riches qui sont les plus nuisibles, d'après Joannes Canaccius.

Le philosophe Platon et d'autres auteurs anciens ont amplement exposé à quel point est pernicieuse et détestable la cité qui rend des honneurs plus nombreux et plus importants aux richesses qu'aux vertus. Car là où le pouvoir est aux gens les plus riches en terres ou en argent, tous les autres citoyens non seulement sont méprisés mais subissent d'ordinaire les injures et les pires affronts. En effet, quand les gens riches tiennent la direction de la cité, ils n'ont pas égard à l'équité ou à la raison, mais se laissent conduire par les passions et les appétits. Récemment, cette question a été traitée de façon remarquablement sérieuse par Joannes Canaccius, homme à ma connaissance unique par sa conduite excellente et par son éminente vertu.

« Dans une cité vertueuse et bien instituée, dit-il, il est honteux d'accorder plus aux plaisirs déshonnêtes qu'aux bonnes disciplines. Mais la pire turpitude est que les hommes intelligents et de bon conseil soient subordonnés aux riches et tenus à l'écart du pouvoir par une sorte de conspiration. Car dans une cité libre, les richesses immenses et excessives engendrent tout d'abord le luxe et le dérèglement, puis l'ambition et les crimes. Aussi, dit-il, ceux-là n'agirent pas déraisonnablement qui promulguèrent des décrets et des lois empêchant les habitants de leurs cités de posséder une plus grande fortune que ce qui paraissait acceptable. Cette mesure, aussi longtemps qu'elle fut observée, fut considérée comme excellente pour le genre humain, et les villes gagnées le plus tard par cette avidité d'accumuler les richesses furent les plus heureuses et les plus stables. Mais dans notre cité, dit-il, si nous voulons nous faire une idée de quelqu'un, nous demandons d'abord combien il possède, quel est son degré d'opulence, quelles ressources et quelles richesses l'élèvent au-dessus du commun, et nous ne reconnaissons un grand jugement ou une grande intelligence qu'aux hommes qui s'illustrent par des prodigalités et des dons ostentatoires. Il en résulte que le gain tient lieu d'innocence, les richesses de vertu et l'or de sagesse. Cela est confirmé par les académiciens, selon qui les riches sont le plus souvent mauvais et nuisibles aux autres hommes, parce qu'ils les méprisent tous et dirigent vers l'éclat de l'or – comme si c'était la vraie félicité – tout le cours de leur vie et toute leur activité. ».

Tels sont les propos de Canaccius. Sur ce sujet, il y a lieu d'ajouter les vers que le poète Euripide met dans la bouche d'un riche avide :

« Que l'on m'appelle scélérat, pourvu que l'on m'appelle riche. Est-il riche ? c'est la question que fait tout le monde. Est-il vertueux ? personne ne le demande. D'où et comment lui vient sa fortune, on ne s'en inquiète point : on demande seulement : Combien a-t-il ? partout un homme n'est estimé qu'en proportion des biens qu'il possède. Voulez-vous savoir ce qui, à nos yeux, passe pour honteux ? c'est de ne rien avoir. Riche, je veux vivre; pauvre, je veux mourir. Il meurt heureux, celui qui, à sa dernière heure, gagne encore de l'argent. L'argent est pour les humains le bien par excellence, on ne peut lui comparer ni la douceur d'avoir une bonne mère, ni le plaisir d'avoir une douce progéniture, ni même un père dont les droits sont sacrés. Si le front de Vénus jette un éclat aussi doux que l'or, ce n'est pas sans raison qu'elle a pour amants les dieux et les mortels » [49].
Dans ces vers, Euripide blâme avec une grande élégance de style l'insolence des riches, dont la gloire est vaine et le bonheur superficiel, comme l'écrit Sénèque.




LIVRE XXV - Chapitre X.


Sur les oracles qu'on tirait à Dodone du bruit des vases d'airain; et explication d'un poème d'Ausone.


Dans une lettre du poète Ausone [50], on lit ces vers à Paulin :

« L'airain de Dodone tinte longtemps
Chaque fois que, frappés en cadence par les baguettes,
Les bassins dociles répondent par une vibration rythmée. »

Par ces vers, Ausone reproche à Paulin un trop long silence, alors que tous les êtres animés, dit-il, font entendre une voix et qu'il n'y a aucun être formé par la nature qui ne rende aucun son, comme le sistre, les cymbales et les bassins de Dodone. Mais pour comprendre ce qui concerne le son émis à Dodone, il faut lire les auteurs grecs, selon qui il était de coutume que des devineresses exercent leur ministre près d'un chêne qui se trouvait dans la ville de Dodone. Les gens qui venaient chercher une réponse croyaient que le chêne s'agitait et bruissait spontanément. En réalité, il y avait là une statue qui tenait une baguette et en frappait un bassin qui se trouvait à proximité; c'est ainsi que, comme le dit Ausone, les bassins rendaient une réponse à l'appel de coups modérés. C'est pour cela que Virgile qualifie les bassins de dodonéens [51]. Ces renseignements sur les oracles tirés du son à Dodone se trouvent en de nombreux endroits des auteurs grecs, en particulier dans les Mélanges de Suidas. Ausone a désigné par pelves ce que les Grecs appellent lebetes [52]. Cela devait être noté, car cette épître d'Ausone a eu très peu de lecteurs jusqu'ici. D'autre part, il n'y a pas lieu de citer ici ce qu'Hérodote et d'autres auteurs disent sur les colombes et les oracles de Dodone, car cela ne contribuerait guère à expliquer le poème d'Ausone.




LIVRE XXV - Chapitre XI.


Ce que sont le sonticus morbus  mentionné dans les lois décemvirales et la causa sontica, et dans quel sens il faut entendre le verbe sontire  selon les experts en droit.


Sextus Caecilius [53] et d'autres experts en droit (qui ont interprété les Douze Tables) ont compris morbus sonticus comme signifiant une maladie violente et très grave, mais il est consigné dans les Pandectes que Cassius [54] et Venuleius expliquent sonticus comme un empêchement légal et perpétuel à faire une certaine chose. De là vient que dans les décrets militaires, le soldat affecté d'un morbus sonticus  est délié de son serment, ce qu'Aulu-Gelle a relevé dans les écrits de Cincius. En effet, les soldats, une fois enrôlés, juraient qu'ils se présenteraient quand le consul le voudrait et l'ordonnerait, sauf dans un des cas suivants : un enterrement dans la famille, des fêtes dénicales et des calendes, à condition que leur date n'eût pas été fixée expressément pour permettre au soldat d'être absent au jour dit, un morbus sonticus, un auspice dont on ne pût se dispenser sans expiation, ou encore un sacrifice anniversaire. Ces mots sont corrompus dans Aulu-Gelle [55]. 

Pline l'Ancien assure que les fumigations de la pierre appelée jais permettent de savoir si quelqu'un est atteint du morbus sonticus, ou si une femme est vierge [56]. Marc, grand connaisseur du droit civil et des lois, a défini la différence entre le morbus sonticus et la fièvre en traitant du prononcé et de la justification des jugements. Le poète Névius emploie sontica causa  dans le sens de cause juste et légitime [57] :

« Sonticam esse oportet causam, quamobrem perdas mulierem.
Il faut que ce soit pour une cause légitime que tu perdes ta femme. »

Élius Stilon [58] estimait que sonticus est un autre mot pour « nuisible ». De là l'expression sontes homines pour dire hommes coupables et dépravés, et le verbe sontire, qui, d'après Pompeius, signifie faire obstacle dans une affaire, nuire gravement. Il est bon de comprendre ce mot, mais il est tellement archaïque et inusité qu'on évitera de l'employer, pour ne pas imiter le style de ces gens qui contaminent si impudemment l'érudition latine par leurs affectations ineptes et frivoles. Enfin, je ne voudrais pas avoir l'apparence de mépriser l'étude ample et approfondie qu'a faite de cette maladie Perotto de Siponto [59], qui a bien mérité de toutes les lettres.




LIVRE XXV - Chapitre XII.


Les noms des dieux et leur puissance chez les anciens; ample exposition de l'inanité et de la futilité de leur superstition.


Varron et d'autres auteurs anciens ont fait d'amples recherches sur les dieux romains et leur puissance. Quant à nous, nous rassemblerons ici en une brève notice diverses remarques qui aideront à comprendre à quel point cette superstition fut frivole, vaine et ridicule. Cela fournira peut-être à ceux qui écriront sur les sacrifices et les cérémonies de l'antiquité une documentation et une aide qui serviront à leur étude et à leurs commentaires. Nous prendrons d'abord nos auspices auprès des dieux majeurs et en quelque sorte patriciens, puis nous descendrons aux autres. Jupiter, que les anciens appelaient le très bon et le très grand, était identifié avec les hauteurs célestes et on voyait en lui, allégoriquement, la substance de toute lumière, d'où ses surnoms Lucetius, Diespiter, Elicius, Fulminator et Feretrius. Junon représentait l'air, subordonné à l'élément supérieur, d'où ses surnoms de Lucina, Fluona, Hécate, Mère et Diane. Neptune désigne la mer, Pluton la terre, et on les réunit à leurs épouses Salacie et Proserpine.  On met Vesta dans les foyers domestiques et Vulcain dans la fournaise des forgerons, car à ces dieux, dit Varron, se rapportent le feu et la chaleur [60]. Les lois antiques disent en effet de Vesta [61] :

« Que les vierges vestales entretiennent le feu perptuel du foyer public.
Que ces cérémonies, tant publiques que privées, se tiennent selon l'ordre et le rite. »

Dans les oracles et les divinations réside Apollon, dont la puissance éminente est décrite par de nombreux érudits et notamment par Vectius Praetextatus dans les Saturnales de Macrobe [62]. La vente et l'achat des marchandises étaient rattachés à Mercure, dont les fêtes, pour ce motif, étaient célébrées en grande pompe par les marchands. A Janus, on rapportait les origines des choses, les portiers, les receveurs du péage, les arpenteurs et les poseurs de bornes; les pontifes lui donnent des noms multiples et variés, comme Geminus (double, jumeau), Bifrons (à deux fronts), Quadrifrons (à quatre fronts), Pater (Père) Quirinus, Junonius, Clusius et Patulcius. Dans le chant des Saliens, il est appelé dieu des dieux. A Saturne, on rapportait les temps et les âges, le drageonnement, la culture des arbres fruitiers et tous les travaux agricoles. On pense que c'est lui que les Romains appelaient aussi Stercutius, comme nous l'apprend Prétextat [63], parce que c'est lui qui aurait inventé de fertiliser les champs à l'aide du fumier. On rapportait les conflits et les massacres à Mars et à Bellone; les grains et les récoltes à Cérès et à son Triptolème; les vignes à Liber, qu'on appelait aussi Bacchus, Bromius et Lenaeus; les bois à Diane; l'intelligence, les sciences et les arts à Minerve, dite aussi Pallas, que Cicéron place même parmi les dieux de la patrie et les gardiens de la cité. Voilà pour les dieux majeurs. Les dieux roturiers forment une foule immense et une armée quasi infinie, au point qu'il n'y avait à peu près aucun acte de la vie des mortels auquel les anciens ne rattachaient quelque puissance divine, ce qui montre bien à quelles ridicules vanités ils rendaient honneur. Ce qui regarde la vie et l'éducation des humains était confié à Statilinus, Statanus, Fabulinus, Vagitanus, Pilumnus, Picumnus, Cunia, Levana, Rumina, Edulica, Potina et Carna. Statulinus et Statanus protégeaient les enfants à l'âge où ils sont capables de se mettre et de se tenir debout; Fabulinus et Vagitanus quand ils commencent à parler et à vagir. On considérait Picumnus et Pilumnus comme des dieux présidant au mariage et on préparait des repas dans leur temple, ce qui attirait leur protection sur la vie des enfants, comme le dit Marc Varron [64]. On invoquait Cunina quand on mettait les enfants au berceau; c'est avec l'aide de Levana qu'on les soulevait de terre; Rumina présidait à leur allaitement; car les anciens disaient ruma pour mamelle (mamma), d'où les subrimi agni (agneaux la mamelle) et le ficus ruminalis (figuier ruminal, le figuier sous lequel Romulus et Rémus furent allaités) chez des auteurs célèbres. Plus tard, les enfants recevaient leur nourriture et leur boisson d'Edulica et de Potina. De Carna, à qui un temple fut construit sur le mont Célius, dépendaient les organes vitaux du corps humain. Volupia et Libentina étaient les déesses de la volupté et du désir. Les occupations des hommes étaient mises sous la garde d'Adeona, d'Abeona, de Voluna et de Volunus; en outre, Vacuna et Fessonia veillaient sur les inoccupés et sur les fatigués. C'est pour cela qu'Horace célèbre le temple de Vacuna [65]. Pellonia aidait à repousser (depellere) les ennemis; Agenorea, Strenua et Stimula excitaient à agir et stimulaient ceux qui agissaient; Numeria enseignait à compter. Quieta et Murcida donnaient le calme et le repos, parce que, comme le dit Pomponius, on appelait murcidos les hommes mous et paresseux [66]. Murcida eut un temple sur l'Aventin et c'est pour cela, semble-t-il, que l'Aventin fut appelé Murcus. En outre, on divinisa la Vertu, la Raison, l'Honneur, la Bonne Foi, la Victoire, la Concorde, pour ne rien dire de la Crainte, de l'Espoir, de la Pâleur et de la Fièvre, qui a son temple sur le mont Palatin. A l'éloignement des maladies, on préposa Angerona, Orbona, Prosa et Postverta, et à tous ces dieux on éleva des temples, pour que chacun pût rendre un culte particulier à celui dont il avait le plus besoin, tant est grande la lâcheté face aux exigences de la mort. Sentia présidait aux avis à donner et Consus aux conseils. D'où les fêtes publiques qu'on appelait Consualia et, au cirque, la coutume de célébrer près de l'autel de Consus les jeux au cours desquels les Sabines furent enlevées. On rattachait Carmenta aux oracles et aux chants les Camènes, qui avaient leur temple dans le quartier de Rome qu'on appelait porte Capène. Vitunus et Sentinus présidaient à la vie et à la pensée. On imagina aussi des dieux pour les mariages, les menstrues, l'enfantement et les funérailles, comme Silvanus, Deverra, Intercido, Domiducus, Domicius, Manturna, Virginensis, Subigus, Prema, Partunda, Populonia, Mena, Tellumo, Ruso, Orcus, qu'on appelait aussi Quietalia, et Nenia, qui avait un temple hors de la porte Viminale. Les froments et les céréales étaient sous la protection de Segetia, Seia, Tutulina, Proserpine, Nodinus, Volutina, Patelena, Hostilina, Flore, Lactucina, Matura, Runcina, Rubigus, Averruncus et Spinensis. A Segetia étaient recommandées les moissons; Seia veillait sur le blé avant qu'il ne sorte de terre; Tutulina une fois qu'il était récolté et mis à l'abri; Proserpine quand il germait; Nodinus veillait aux nœuds du chaume; Volutina recouvrait le grain de son enveloppe; Patelena faisait sortir les épis quand les fourreaux s'ouvraient; Hostilina intervenait quand les épis et les barbes des épis étaient de niveau, parce que les anciens exprimaient l'égalisation par hostire et hostimentum. On invoquait Flore, Lactucina et Matura comme veillant sur les blés quand ils fleurissent, quand ils sont laiteux et quand ils mûrissent; Rubigus pour qu'ils ne contractent pas la nielle entre-temps; Averruncus pour qu'ils ne puissent pas être arrachés par la tempête; Runcina lors du sarclage; Spinensis contre les épines. Pomone, déesse des fruits, était en grande vénération, d'où les flamines pomonaux et les cérémonies que nous ont transmises les registres des pontifes. Fructesa était la déesse des fruits de la terre; Aesculanus et Argentinus procuraient la monnaie de cuivre et d'argent. C'est pourquoi saint Augustin, pour railler la démence des païens, leur ajouta Aurinus [67].
On mettait les champs et les domaines agricoles sous la protection de Rurina, déesse de la campagne. Collina présidait aux collines, Vallonia aux vallées, Jugatinus aux sommets des monts, Forulus aux battants des portes, Carda à leurs gonds, Limentinus au seuil et le dieu Terme aux bornes, d'où les fêtes dites Terminalies, marquées dans les fastes des pontifes. Palès protégeait les bergers, Empanda les villageois. Arcula présidait aux coffres et aux boîtes; Laverna protégeait les voleurs, qui, je crois, tinrent de là leur nom laverniones ; Fornax veillait sur les fours, d'où les fêtes dites Fornacalia, célébrées à l'occasion de la torréfaction du grain. J'omets Nundina, Tanagrea, Allocutius, Antevorta, Matuta, qu'on appelle aussi Leucothea; Larunda, Moneta, Februus, Furina, Fidius, Larentia, Mutinus, Alburnus et Inuus, le même que Pan avec sa flûte; et aussi Majesta, Cloacina, Venilia et Mania, en l'honneur de qui furent instituées les fêtes dites Compitales; et Ops Consiva, Bonus Eventus et Vertumnus, qui était considéré comme le dieu de l'Etrurie. Dans cette foule de dieux, on distingue les urbains, les rustiques, les militaires, les champêtres, les patriciens, les créateurs [68], les funéraires, les conjuguaux, les inoccupés et les frumentaires. Marc Varron en a traité avec beaucoup de soin dans ses livres sur les choses divines, qu'il envoya à Jules César. Quant à nous, nous avons suivi dans ces matières Augustin, Tertullien, Lactance et bien d'autres, qui ont recueilli de tels renseignements dans les trésors de Varron [69]. D'autre part, voici des dispositions des lois antiques concernant les dieux en question [70] :

« Que l'on honore les dieux qui furent toujours tenus pour célestes;
Et les humains que leurs mérites appelèrent au ciel,
Hercule, Liber, Esculape, Castor, Pollux, Quirinus;
Et que ces choses grâce auxquelles il est donné à l'homme de monter au ciel,
L'Intelligence, le Courage, la Piété, la Foi, aient aussi leurs temples,
Mais qu'aucune cérémonie solennelle ne soit tenue en l'honneur des vices.
Pour les libations publiques, qu'on emploie certains grains et certains fruits. »

Sous l'étendard de la croix, nos auteurs abattirent ces turpitudes et cette inepte superstition des anciens, de sorte que non seulement ils tirèrent la vérité du puits de Cléanthe, mais que, pour le profit commun de tous, ils l'établirent sur une montagne, comme le dit Jérôme [71].




AVERTISSEMENT DE L'ŒUVRE AUX LECTEURS.


Voici terminés vingt-cinq livres sur l'Honorable Discipline, où j'ai mis autant que possible de soins et de travaux pour être utile à autrui et servir ma renommée dans une si grande variété d'études. Ces livres seront comme des auxiliaires qui pourront rendre la mémoire mieux outillée et plus riche dans tout ce qui concerne le mode de vie et les connaissances de l'Antiquité. Nous ne manquerons pas, à l'avenir, à la tâche que nous avons entreprise d'aider les bons esprits, car nous nous sommes enrôlés une fois dans cette milice et il n'est pas permis de s'éloigner des enseignes ou de déserter l'armée. Bientôt seront édités plusieurs livres que nous avons intitulés Réponses épistolaires. Car j'aime mieux me fatiguer à enseigner, veiller et écrire, que de dépraver mon esprit, comme beaucoup le font, dans l'inoccupation et les plaisirs; surtout dans cette ville où l'ambition est tenue pour vertu, l'effronterie pour modestie et l'érudition pour oisiveté. Je serai satisfait s'il m'est donné de vieillir dans cette oisiveté qui est la nôtre, s'il me reste assez à vivre pour qu'il soit clair à tout le monde que je n'ai manqué en rien au plan de bonnes études que je me suis tracé dès mon jeune âge. Et parce qu'il convient que celui qui songe à la postérité concentre son attention sur les objets de valeur plutôt que d'en embrasser de nombreux, cette raison surtout m'avertit de m'essayer aux études libérales plutôt que de poursuivre la louange et la gloire par une brigue honteuse et des moyens indignes. Nous voulons d'ailleurs ajouter à ce recueil une loi tirée des cérémonies éleusiniennes, pour tenir éloignées la plèbe ignorante et la populace profane, car nous avons expérimenté il y a peu que rien ne porte plus de préjudice aux bons esprits et aux meilleures institutions que la grossière audace des ignorants, qui apprécie toutes choses non avec jugement ou raison mais avec ignorance et caprice. Si donc j'ai disserté en certains endroits sur les dieux et la religion des anciens, comme il y a parfois lieu de le faire, c'est dans l'intérêt des belles-lettres. Nous n'avons rien voulu renouveler, ni, comme certains nous en accusent témérairement, accréditer cette superstition, que non seulement j'ai rejetée comme vaine et fausse, mais dont j'ai prouvé en plusieurs endroits la nocivité et l'infamie.


Disposition de loi contre les critiques inintelligents :

« A qui on lira ces livres, qu'on y réfléchisse mûrement,
Que la foule profane et incapable ne les touche pas.
Et que tous les procéduriers, les imbéciles et les barbares en restent loin.
Qui fera autrement, qu'il soit maudit selon le rite. »


Protestation de l'auteur.


A la fin de cet ouvrage, nous ajoutons que Petrus Crinitus n'approuve aucune des choses qui y sont recueillies, si ce n'est celles que l'Eglise romaine a décrétées et affirmées. Et que personne ne se laisse entraîner, par une audace plus grande que son jugement, à la médisance et au dénigrement.



NOTES.


[1] Cf. Aristote, Problèmes XXX-1. Crinitus désigne par quaestionibus physicis ce qui est généralement appelé Problemata dans les éditions latines.
[2] Suétone, De uita duodecim Caesarum libri. Julius, 45, 1.
[3] Apulée, Apologie, 1.
[4] C'est-à-dire de tenir les comices, d'où le nom de mal comitial.
[5] Quintus Serenus Sammonicus (Liber medicinalis, v. 1006-11).
[6] Esculape, dieu de la médecine chez les Romains, Asklépios chez les Grecs.
[7] Aulu-Gelle, Nuits Attiques, XVII, 15, 6.
[8] Pline, H.N., XXV, 52.
[9] Chez les Romains comme dans tout le reste du monde antique, les superstitions s'imposaient comme un modèle explicatif quasi universel, illustré dans la connotation populaire de punition divine pour expliquer la maladie comitiale (cf. supra, note 4, afférante au premier chapitre sur l'épilepsie), que le nom grec de ἱερὰ νόσος ne dément pas, malgré l'ouvrage savant d'Hippocrate.
[10] Pour le verbe elicio, Gaffiot donne notamment : tirer de, faire sortir, attirer. Crinitus pense-t-il que Jupiter tonnant et fulgurant fut surnommé Elicius parce qu'il forçait les membres de l'assemblée à sortir du lieu de réunion ? Au chap. 12, Crinitus rattache Elicius à la notion de lumière. Cela ne semble pas cadrer avec le présent passage.
[11] solistima, salutaires ; de sollistimum tripudium : augure favorable, tiré de ce que les oiseaux sacrés laissaient tomber des grains à terre en mangeant (Cicéron, Div., 1, 28; 2, 72; Tite-Live, 10, 40).
[12] tripudiis gallinaceorum, tripudium, de tripodatio : danse sacrée à trois temps, sautillement, trémoussement, trépignement, piétinement.
[13] L'étoile Sirius (du grec σείριος : brûlant, ardent), appelée canicula en latin, soit en grec σείριος κύων, le chien ardent.
[14] Cicéron, Sur la divination, II, 36, 76.
[15] Il faut sans doute comprendre "verbalement, sans l'intermédiaire de l'écriture". Voir d'ailleurs la phrase suivante de Crinitus, et aussi le passage analogue du discours de Pic dit Sur la dignité de l'homme : « Quod maxime confirmat Dionysius Areopagita, qui secretiora mysteria a nostrae religionis auctoribus ἐκ νού είς νοῦν διὰ μέσον λόγον ex animo in animum, sine litteris, medio intercedente verbo, ait fuisse transfusa : C'est ce que confirme parfaitement Denys l'Aréopagite, selon qui les mystères les plus secrets furent transmis par les fondateurs de notre religion ἐκ νού είς νοῦν διὰ μέσον λόγον : d'esprit à esprit, sans écriture, par l'intermédiaire de la parole » (ἐκ νοὸς εἰς νοῦν διὰ μέσου λόγου ; Cf. Denys, in De Ecclesiastica hierarchia, I, 4).
[16] V Esdras, XIV, 45-48. (La Bible : les Ecrits intertestamentaires; Paris, Gallimard, Pléiade, 1987, p. 1464-5).
[17] Cf. Pandectes de Justinien, R. J. Pothier, Paris, 1818, T1. pp. 532-537.
[18] usucapion : terme juridique issu du droit romain (de usu, ablatif de usus, usage, et capio, je prends : possession par usage), désignant la prescription acquisitive, permettant d'acquérir un droit réel de propriété, après l'écoulement d'un certain délai durant lequel on a exercé la jouissance ininterrompue d'un bien immobilier sans en avoir eu auparavant les titres.
[19] Gaius, Leg; XII Tab., 1, 4.
[20] Cf. Cicéron, Traité des lois, livre 1er, (ch. 20) 53 et (ch. 21) 55.
[21] Junius Nypsus, déjà cité par Crinitus, au Livre XXI, Chap. 10.
[22] J. Nypsus, Podismus (Cf. Balbus, Expositio et Ratio Omnium Formarum). Ne pas confondre Celse l'arpenteur romain cité par Nypsius dans ce chapitre, et Celse le médecin (Cornelius Celsus), auteur du De medicina cité plus loin dans le chapitre VII.
[23] In quo Theodosii et Valentiniani imperatorum epistolas citat, ex quibus tolleretur eiusmodi actio in regundis finibus  : Junius Nypsus est considéré comme ayant vécu au second siècle après J.-C. ; Théodose et Valentinien sont du cinquième siècle. L'auteur de la présente traduction du De honesta disciplina n'a pas consulté le livre de Junius Nypsus et ignore si des lettres de Théodose et Valentinien y ont été interpolées. A toutes fins utiles, signalons une référence consultable sur Internet : Charles Giraud, Essai sur l'histoire du droit français au moyen âge, t. 1, Paris, 1846, p. 265, et l'édition de Marcus Iunius Nypsus, Fluminis Varatio. Limitis Repositio, Introduction, Text, Translation and Commentary by Bouma, Jelle W.; Peter Lang Publishing, Frankfurt/M., Berlin, Bern, New York, Paris, Wien, 1993, Studien zur klassischen Philologie Bd. 77. Herausgegeben von von Albrecht Michael.
[24] Augustin, De civitate Dei, IV, 8 (Migne, P.L., 41, col. 118).
[25] La variante Nodinam est erronée (éd. 1532 : Nodinum).
[26] Varron, De Lingua Latina, VII, 44, 45.
[27] Sextus Pompeius Festus.
[28] tutuli milites dans le texte de Crinitus : ne faudrait-il pas tutulati milites ?
[29] Varron, De Lingua latina, V, 163, 34.
[30] Fabius Planciades Fulgentius (Sermonum antiquorum 14).
[31] Virgile, Enéide, III, 545.
[32] Germanicus ne fut pas un César (empereur), mais le père de l'empereur Caligula (Cf. Suétone, Caligula, V, 1).
[33] Cicéron, Ad Quintum fratem, II, 1, 2.
[34] Macrobe, Saturnales, II, VII, 5
[35] expugnare : prendre d'assaut, prendre de force, vaincre, soumettre, réduire d'après Gaffiot (art. expugno). Aucun de ces sens ne se trouve à l'article  dilapido  de Gaffiot, qui donne : cribler de pierres ou de grêle, jeter en tous sens, gaspiller.
[36] Pline, H.N., II, 226 [elapidatum : XVIII, 16, 43].
[37] Pacuvius, Periboea, III
[38] Nonius, Lemma, 23, 7
[39] Celse, de Medicina (III, XXI, 8 ; III, XXIV).
[40] “grenue” en grec.
[41] “fleur de farine” en grec.
[42] Stace, Silvarum, II, 1, 161; V, 1, 213 (Cf. Dioscorides, I, 89; II, 107).
[43] Pline, H.N., XII, 62.
[44] Tab.. VII, 4 (Cf. Gaius, 3, 223).
[45] Aullu-Gelle, Nuits Attiques, XI, 1.
[46] Sextus Pompeius Festus.
[47] Columelle, De re rustica, VI, Praef.
[48] cité par Augustin, De civitate Dei, XXI (Migne, P.L., 41, col. 725).
[49] Vers du Bellérophon (V, 288) d'Euripide, cités par Sénèque, Lettres à Lucilius, lettre 115 (9, III). Traduction par Charpentier et Lemaistre dans l'éd. Pancoucke de Sénèque, reproduite dans Sénèque le Philosophe, t. 1, Paris, Garnier, 1860.
[50] Ausone, Epist., 418 (vv. 23-25).
[51] Virgile, Enéide, III, 466.
[52] λέβης : chaudron, marmite, tambour.
[53] Sextus Caecilius Africanus (Cf. Aulu-Gelle, Nuits attiques, XX, 1).
[54] Pandectes de Justinien (ou Digeste, 21, 1, 65, 1) : « Quotiens morbus sonticus nominatur, eum significari Cassius ait, qui noceat. Nocere autem intelligi, qui perpetuus est non qui tempore finiatur » (Cf. De Verborum significatione, C. Quernest, Rennes, 1851).
Cf. Imperator Iustinianus Digestae @ IntraText Edition : http://www.intratext.com/IXT/LAT0866/_P42.HTM
Cf. Iustiniani Digesta @ Université de Grenoble : http://webu2.upmf-grenoble.fr/Haiti/Cours/Ak/Corpus/digest.htm
[55] Qua verba in Atticis Noctibus depravata sunt  : Que veut dire Crinitus exactement ? Qu'Aulu-Gelle a déformé les propos de Cincius ? Ou que les manuscrits ou les éditions d'Aulu-Gelle sont fautifs ? Il ne semble pas que Crinitus ait connu l'original de Cincius, car, visiblement, il ne le cite qu'à travers Aulu-Gelle. Le passage d'Aulu-Gelle dont parle Crinitus est : Les Nuits attiques, l. 16, ch. 4, 2 4; Aulu-Gelle se réfère à Cincius au § 2. Voir l'éd. d'Aulu-Gelle aux Belles Lettres, Coll. Univ. Fr., t. 4, Paris, 2002, p. 7-8, qui, sur Cincius (dont, si je comprends bien, les œuvres sont perdues), renvoie à Real Encyclopedie, III, 2, 2555.
[56] Pline, H.N., XXXVI, 141; XIV, 120.
[57] Cnaeus ou Gnaeus Naevius, Fragm., XXXVI, 21 (Cf. Festus, art. Sonticus morbus).
[58] Lucius Aelius Stilo (Cf. Festus, art. Sonticus morbus).
[59] Perotto Nicollo (Perotti Niccolò; Perottus Nicolaus; 1429-1480) vicaire apostolique puis archevêque de Siponto en 1458, traducteur de Polybe et auteur du Cornucopiae (cf. col. 440-41, alinea 61 sq).
[60] Varron, De Lingua latina, V, 70; V, 65.
[61] Cicéron, De legibus, II, 8; v. IV, 2.
[62] Macrobe, Saturnales, I, XVII, 7.
[63] Macrobe, Saturnales, I, VII, 25.
[64] Cf. Marcellus, De comp. doctr., Lemma, 528.
[65] Horace, Epist., I, X, 49
[66] in Augustin, De civitate Dei, IV, 16 (Migne, P.L., 41, col. 125).
[67] in Augustin, De civitate Dei, IV, 28.
[68] opifices : "créateurs, auteurs, artistes, artisans". Crinitus pense peut-être au sens de opiferi : "secourables".
[69] Varron, De Lingua latina, VI, 3.
[70] Cicéron, Des Lois, II, 8, v. IV, 2.
[71] L'éd. Angeleri renvoie à Jérôme, Apol. advers. libros Rufini, 31, A (Migne, P.L., 23, 487, col. 423).