ALEXANDRE DE TRALLES

LIVRE I - CHAPITRE XV

DE L'ÉPILEPSIE

Traduction du Dr. F. Brunet
(1936)


 

L'épilepsie est une des affections chroniques qui exigent le plus de soins diligents et une attention sérieuse, car, négligée au début, il arrive souvent qu'elle conduit ceux qui en sont atteints à la mort. Elle a son siège dans la tête, à la source de la sensibilité et du mouvement. Son caractère de maladie cérébrale est évident, puisqu'elle marche par crises aiguës. Durant ces crises les malades ne peuvent ni entendre, ni voir, ni comprendre parfaitement, ni se souvenir de quelque chose : ils sont étendus, privés de tout sentiment, ne se distinguant en rien des morts. Cette affection est appelée épilepsie, à cause de l'arrêt et du saisissement des sensations. Quelques-uns la nomment aussi « mal sacré », parce que le cerveau est un organe sacré et respectable (1) ; d'autres, maladie d'Hercule (2), à cause de sa violence et de la difficulté qu'il y a à la vaincre ; d'autres enfin lui donnent des noms différents. Il n'est pas nécessaire de les citer tous, mais seulement ceux qui sont les plus importants, car ce sont ceux que l'on doit connaître de préférence et dont il faut s'occuper. C'est ce que nous, nous efforçons de faire.
L'épilepsie naît de trois façons : tantôt elle part de la tête qui était antérieurement malade, tantôt de l'estomac, tantôt d'un autre organe souffrant qui envoie vers la tête la matière nuisible qui était en lui.

Signes de l'épilepsie à point de départ stomacal.

Les signes de l'épilepsie venant de l'estomac sont la continuelle fréquence de contractions violentes partant de cet organe ; une douleur piquante, une exacerbation extrême et un retour offensif du mal épileptique survenant de préférence lorsqu'il arrive de manger trop tard ou trop peu (3).

Symptômes de l'épilepsie partant d'une autre partie du corps.

Les gens, dont l'accès a pour point de départ une région déterminée du corps, sentent parfaitement le mouvement producteur du mal gagner le haut du corps et disent à l'avance ce qui va leur arriver lorsque le transport commence à atteindre le cerveau. Cette affection survient aussi chez les enfants, surtout chez ceux de tempérament lymphatique, c'est pourquoi quelques-uns l'appellent maladie de l'enfance (4).

Signes de l'épilepsie provoquée directement par une affection de la tête.

Ceux qui souffrent d'épilepsie à la suite d'une atteinte primitive de la tête, sont reconnaissables avec évidence par tout le monde ; ils éprouvent, en effet, de Ia lourdeur autour de la tête ; leur vue s'obscurcit et s'affaiblit, leurs sensations sont ralenties. Les enfants sont surtout sujets à cette affection. Nous allons donc commencer par parler de la période infantile. Un petit enfant ou même un nourrisson au lait est-il atteint ? Inutile de s'embarrasser de quoi que ce soit, il n'y a rien à faire comme traitement.
A un âge plus avancé, la chaleur augmente et dissipe l'humeur surabondante de la tête qui remplit les ventricules.
C'est pourquoi il importe de coopérer à cette action et de veiller à ce que le lait de la nourrice soit bon et pur, car s'il est défectueux et épais, il gêne fortement la nature. On le rendra de bonne qualité et de saveur agréable, en surveillant la nourrice et ses mouvements ; on lui fera prendre un exercice modéré et une nourriture composée d'aliments bien succulents. Le lait est-il léger ? Il importe de l'épaissir convenablement ; est-il épais? On le rendra plus fluide avec des substances comme le fenugrec (Trigonella faenum-groecum, L.) (5), l'aneth (Anethum graveolens, L.), l'anis (Pimpinella anisum, L.), la roquette (Eruca sativa, L.) (6), la rue (Ruta, L.), où le porreau (Allium porrum, L.). On se servira de toutes ces plantes encore vertes, car sèches elles sont plutôt excitantes, elles dilatent trop les vaisseaux environnant la matrice et provoquent des évacuations de sang par les règles (7). Il n'est rien de plus mauvais, car nécessairement le lait diminue à la suite de la perte de sang menstruel. Aussi, les plaisirs vénériens sont-ils très défavorables aux nourrices ; ils rendent forcément leur lait léger et fétide. S'il arrive à la nourrice de concevoir, le lait devient encore plus pernicieux ; il faut alors absolument éviter qu'elle donne le sein à l'enfant. On en cherchera plutôt une autre qui ait du bon lait.

Manière de juger le lait.

Le lait s'apprécie à la couleur, à la consistance, à l'odeur. Il doit être très blanc, sans aucune apparence livide ou mauvaise odeur. Sa consistance, en aucune circonstance, ne doit être très légère, ou épaisse, ou caséeuse, car, dans ce cas surtout, elle peut provoquer des convulsions et embarrasser les nerfs. On donnera donc aux nourrices du vin assez léger, exempt de toute impureté et de bonne qualité ; on leur fera prendre du mouvement et on les mettra toujours à travailler avant le repas. C'est ainsi, quand l'enfant tète encore, qu'on doit veiller sur la nourrice pour que son lait se maintienne profitable. D'ailleurs, y a-t-il une occasion favorable de faire de l'exercice ? Il importe qu'elle s'y livre modérément, qu'elle exerce son corps et qu'elle se distraie. Elle se mettra ensuite à manger dans ces dispositions. Elle n'ira pas se baigner continuellement ; c'est au contraire une pratique à éviter, spécialement après avoir mangé ; elle ne boira pas immédiatement après le bain, surtout du vin pur. Rien n'est plus nuisible aux nourrices. Elles procéderont aux frictions et aux onctions avant les repas ; car le mouvement après le repas est non seulement toujours contraire aux femmes qui sont dans leur état, mais encore à toutes les femmes en général. La friction doit commencer par les bras, passer ensuite à la poitrine, au ventre et enfin aux jambes ; elle sera assez longue et assez vigoureuse pour empêcher, par le refoulement du massage, les produits de déchets du bas du corps de monter vers le haut. Toutes les autres parties du corps frictionnées, il restera la région de la tête ; mais on devra plutôt s'abstenir de la frictionner, de peur d'attirer immédiatement vers elle toutes les superfluités mises en mouvement.
Après l'exercice et le massage, que la nourrice n'aille pas se tenir aussitôt à l'air froid, mais qu'elle attende que la chaleur et la respiration haletante soient tombées. Elle accomplira ensuite ses occupations habituelles et prendra une nourriture convenable. On lui donnera à manger du pain parfaitement cuit, très bien fermenté, et, de préférence (autant que possible), cuit au four de campagne (8). Ce pain est, en effet, exempt de déchets et renferme moins d'impuretés. La nourrice, surtout si l'enfant est d'un tempérament enclin à la bile noire, en mangera une ou deux onces (27 gr. 2 ou 54 gr. 4), trempé dans de l'eau chaude avec du coriandre (Coriandrum sativum, L.), râpé. Absorbé ainsi, cet aliment empêche les émanations des humeurs de se porter vers le cerveau, ce qui est très avantageux et préserve de la maladie.
Parmi les légumes verts, les nourrices mangeront de la bette (Beta vulgaris, L.), de la mauve (Malva, L.), spécialement de la caucalide (Orlaya maritima, Koch), de la rave et des porreaux cuits (Allium porrum, L.). Elles se trouveront bien aussi d'y ajouter de l'endive (Cichorium endivia, L.).
Comme assaisonnement de ces légumes, un peu d'huile et de sel en quantité très modérée. Parmi les oiseaux, qu'elles consomment de la poule de basse-cour, les morceaux peu gras des faisans (Phasianus colchicus, L.) les ailes d'oie, les gelinottes (Tetrao bonasia, L.), les passereaux (Passer domesticus, L.), les grives (Turdus pilaris, L.), les tourterelles (Colomba turtur, L.), mais seulement les parties peu grasses de ces volatiles. Il faut écarter les canards et tous les oiseaux qui vivent dans les marais. Les sauces seront simples. Survient-il une indigestion ou une distension de l'intestin par des vents ? On donnera 9 ou 11 grains de poivre et un peu d'anis.
Quant aux viandes, il est bon que l'enfant s'en abstienne complètement, surtout de viande de porc et de boeuf. Si cela lui fait plaisir cependant, ou pour toute autre raison pressante, on lui en laissera prendre un peu, mais rarement et encore des morceaux peu gras ; de préférence, donnez-lui du bouillon ou de la sauce et encore accommodée avec très peu de garum poivré et de moutarde. La moutarde, en effet, quoiqu'elle ait quelque chose d'incisif, doit même être interdite à cause de son pouvoir congestionnant de la tête. C'est pourquoi je déconseille de manger des oignons (Allium cepa, L.), de l'athamante (9) (Athamanta, L.), et du smyrnium (10) (Smyrnium perfoliatum, Mill), comme congestionnants. On évitera l'ache (Apium, L.), comme étant naturellement nuisible aux épileptiques. Parmi les poissons, on offrira ceux qui ne fournissent pas de produits de déchets, tels que le turbot (Pleuronectes, L.), l'étourneau de mer (Labrus merula, L.), le merle de mer (Labrus turdus, L.), le scorpène (Scorpoena, L.), le score (Scarus cretensis, L.). Tous les poissons gras et les gros poissons, comme le scombre (Scomber scombrus, L.), les jeunes thons (11) (Scomber thynnus, L.), sont à écarter : ils amassent tous dans le corps une humeur épaisse, grossière et nuisible. Parmi les poissons de rivière, faites consommer de préférence ceux qu'on dit remonter les cours d'eau et encore pas trop fréquemment. On mettra pendant la cuisson un peu de poivre ou d'oxymel, car ce genre de préparation fait disparaître l'humeur épaisse et nocive.
Il faut éviter les coquillages dans l'alimentation, à cause de leur froideur et de l'humeur épaisse qu'ils forment. Si, toutefois, on désire, de temps en temps, manger des oursins (Echinus, L.), il n'y a aucun inconvénient à cela, car ces animaux ont quelque chose de laxatif, de stomachique et de diurétique. On devra, il est vrai, les servir avec un peu de vin apéritif à cause de son action chaleureuse, soit du vin à l'absinthe, soit du vin aromatique : pris ainsi, ils sont inoffensifs.
Les viandes seront interdites jusqu'à terminaison complète de la maladie, surtout la chair de porc, de même les légumes secs et surtout la lentille (Ervum lens, L.). Si on veut manger soit de la bouillie de froment, soit de l'alica, qu'on y ajoute quelques substances altérantes comme le pouliot (Mentha pulegium, L.), ou le poivre, de façon à modifier heureusement l'humeur épaisse par le mélange qu'on aura effectué. Quant aux fruits, il est bon de les fuir absolument. Tient-on à en prendre par plaisir ? Offrez-en peu, de préférence après le repas ; de cette façon, ils seront moins nuisibles.
Quant aux friandises de dessert, la plupart sont à laisser de côté, telles que noix et dattes ; mais les pistaches (Pistacia vera, L.) et les raisins secs peuvent être consommés après le repas, principalement les raisins d'une faible astringence. Eloignez les gâteaux complètement, ainsi que les petites galettes (12) renfermant des noix pignons (Pinus pinea, L.). Mais celles préparées avec des amandes et des pistaches ne sont pas à craindre, car les substances de ce genre sont douées d'une certaine action qui chasse le phlegme. Le vin, tant que durera la maladie, doit être défendu, car c'est un congestionnant de la tête, principalement le vin vieux. Toutefois, à cause de l'estomac dont il aide la digestion, il n'est pas déraisonnable d'en accorder avec mesure. Quant aux vins composés apéritifs, qu'on en offre rarement, sauf du vin dit à l'absinthe. Ce dernier peut, en effet, fortifier l'estomac, diminuer et chasser les impuretés qui y sont contenues. Tel est le régime alimentaire à employer chez l'enfant ; les médicaments sont les suivants :

Remèdes contre l'épilepsie.

Dès que le malade est levé et s'est débarrassé l'intestin, qu'on lui présente à boire quelque préparation altérante. En hiver, une décoction d'hysope (Hyssopus, L.), peut être d'un grand secours. Beaucoup de personnes, par l'usage seul de cette décoction, se sont guéries et ne sont pas retombées une deuxième fois ou une troisième fois dans le même état de mal. Elle dissipe toutes les matières visqueuses et épaisses des produits de déchets et empêche qu'elles ne se forment en amas nuisible dans l'estomac ou dans la poitrine ; elle parvient très bien à les chasser, partie par les urines et partie par l'intestin. Cette décoction doit être prise seule ou avec de l'oxymel ; en hiver, de préférence et vers l'automne ; en été, rarement ; donnez plutôt de l'infusion d'aneth (Anethum graveolens, L.), de la même façon qu'il a été dit plus haut. Si l'enfant était d'un tempérament assez enclin à la bile noire, faites-lui prendre de la décoction de cuscute (Cuscuta epithymum, L.), parce qu'elle est capable d'entraîner parfaitement ce genre d'humeur.

Des purgatifs.

L'enfant est-il d'âge à pouvoir supporter une purgation ? Offrez-lui des substances susceptibles de chasser le phlegme et les produits de déchets dus à l'atrabile. Le remède sacré (13) (l'hiera), est d'une valeur éprouvée dans ces sortes de maladies pour évacuer l'humeur nocive, mais le jeune âge ne supporte pas son action drastique, elle dépasse ses forces. Donnez-en à ceux qui sont dans toute la plénitude de l'âge, dont la vigueur est robuste et le tempérament enclin à l'humeur atrabilaire, ils s'en trouveront bien. Il est préférable d'ordonner aux jeunes enfants un peu de cuscute (Cuscuta epithymum, L.), avec le médicament amer, car cela évacue les humeurs et les diminue. Il convient également de purger avec l'antidote dit de Théodore (14), mais pour qu'il puisse débarrasser parfaitement le reste du corps, ajoutez-y la valeur de 3 ou 4 scrupules (4 gr. 362 ou 5 gr. 816) de coloquinte (Cucumis colocynthis), ou même 5 (7 gr. 276), ou mieux 5 à 6 scrupules (7 gr. 271 ou 8 gr. 724) de scammonée (Scammonium), ou davantage, suivant les forces du malade, afin que l'évacuation soit modérée (15). J'ai connu bien des sujets qu'une seule purgation de ce genre a guéris. Mais si l'état cacochyme persiste et si la maladie continue, servez-vous alors des pilules de notre composition. Nous n'avons encore rien trouvé de plus énergique. On les prépare ainsi :
Aloès (Aloè, L.)...................................
Scammonée (Scammonium)................
Gomme...............................................
Coloquinthe (Cucumis Colocynthis, L.)
Bdellium...............................................
1/2 once
1/2 once
1/2 once
1/2 once
1/2 once

13 gr. 6
13 gr. 6
13 gr. 6
13 gr. 6
13 gr. 6

Le malade en prendra suivant ses forces, 3 ou 4 scrupules (4 gr. 362 ou 5 gr. 816). Aux adultes, donnez jusqu'à 6 scrupules (8 gr. 724) ; si même vous allez plus loin, il n'y a pas de mal. Elles purgent sans aucun inconvénient et d'une manière sûre ; elles arrivent à soulager non seulement les épileptiques, mais encore les gens atteints de troubles de la vue et d'affections articulaires, pourvu qu'on les administre dans du jus de choux (Brassica oleracea, L.). Après la purgation, il est bon que le malade recoure aux évacuants du phlegme et qu'au cas où il aurait conservé en lui quelque humeur épaisse et visqueuse, il la rejette en même temps par le haut. On y parvient parfaitement en mâchant des pastilles à l'hysope (Hyssopus, L.), au pouliot (Mentha pulegium, L.), ou au poivre (Piper, L.). Toutefois, en prenant seulement un gargarisme, on a un effet encore plus actif si on le prépare de cette façon : il faut choisir de l'hysope en herbe, du pouliot, de l'origan (16) (Origanum, L.), et 7 à 9 figues sèches. Triturez le tout et mélangez à deux cochlées (2 cuillerées) de moût cuit. Cette mixture, absorbée avant le repas, chasse le phlegme. Le phlegme une fois éliminé, recommandez de ne pas aller au bain ce jour-là : c'est nuisible. Après la purgation et les antipituiteux, il convient, dans une intention prophylactique, de se servir des vomitifs, car ceux-ci enlèvent l'humeur qui s'amasse chaque jour et l'empêchent de s'agglomérer. On se trouve bien à cet effet des préparations qu'on donne avant le repas, mais plus utiles sont celles qui se prennent après et plus encore les préparations au raifort (Raphanus sativus, L.), les aliments gras, les mets indigestes (17), les sucreries et l'ivresse. Ces sortes de vomitifs débarrassent complètement quand l'estomac renferme quelque substance épaisse et visqueuse. C'est ainsi qu'il faut agir vis-à-vis de tous les épileptiques.

Traitement de l'épilepsie partant de l'estomac.

Si l'estomac est souffrant, recherchez quelle sorte d'humeur s'est produite en lui. Est-elle bilieuse ? Il faut tout mettre en oeuvre pour empêcher la formation ultérieure de la bile par une potion à l'absinthe (Artemisia absinthium, L.), par la médecine dite amère et en faisant prendre un peu de pain trempé dans beaucoup d'eau tiède vers la deuxième, ou troisième heure. En somme, chez les malades où la bile jaune s'est formée dans la région de l'estomac et va remplir la tête, il est nécessaire d'instituer un régime complet, bien composé, propre à tempérer les humeurs, ne renfermant aucune. substance acide, ni graisses, ni huiles, ni salaisons, car tout cela produit de la bile.
Mais le refroidissement rassemble-t-il l'humeur phlegmatique qui impressionne fâcheusement la tête et amène des spasmes ? Je conseille de prescrire des substances doucement échauffantes et toniques et de veiller à enduire la région de l'orifice de l'estomac deux ou trois fois par mois avec de l'huile, de préférence de l'huile de camomille, de l'huile de première pressée, de l'huile d'absinthe, auxquelles vous ajouterez du styrax et du mastic. Ces substances sont en effet particulièrement aptes a échauffer et à tonifier l'organe affaibli, de sorte qu'il digère bien par la suite, et rien n'est plus avantageux dans toutes les affections, principalement dans l'épilepsie.

Traitement de l'épilepsie venant d'une autre partie du corps.

Quand la maladie ne part ni de l'estomac, ni de la tête, cherchez de quelle autre partie du corps vient l'épilepsie. Vous remarquerez que chez les uns l'accès commence par les extrémités, chez d'autres par les jambes, chez d'autres par une partie du corps différente. Si vous la découvrez, consacrez particulièrement vos soins à cette portion du corps et dirigez le traitement entièrement sur elle.
Nous avons vu un lecteur public tomber en attaque, qui nous disait que lorsque cela allait lui arriver, il avait l'impression que certains souffles froids montaient de la plante des pieds vers le cerveau. Je le purgeai d'abord avec les pilules qui chassent le phlegme et l'humeur atrabilaire, puis je lui appliquai localement des substances irritantes, altérantes et échauffantes qui le firent suer et éliminer manifestement une quantité de liquide considérable. Cela fait, le jeune homme fut guéri. Le médicament que je lui avais administré et qui l'avait sauvé était l'herbe passerage (Lepidium latifolium, L.) (18). Certaines autres substances réussissent également, mais aucune autant que cette plante.
Quand il aura subi ce traitement, employé les vomitifs et les évacuants du phlegme, le malade s'exercera à la palestre et se donnera du mouvement ; c'est là une pratique extrêmement favorable, surtout avant le repas. Qu'il se promène non seulement à pied, mais encore à cheval, d'abord doucement, puis plus violemment en arrêtant l'exercice lorsque la respiration devient plus fréquente. Dès qu'on éprouve cette sensation, on doit cesser l'entraînement du corps.
Après l'exercice, le malade ira aux bains d'eau douce, mais pas tous les jours, seulement une ou deux fois par septenaire et avant le repas plutôt qu'après. Qu'il ne reste pas longtemps dans l'étuve, qu'il fasse couler des seaux d'eau chaude sur l'estomac et les jambes, fort peu sur la tête et encore d'eau tiède. Qu'il se fasse lotionner tout le corps avec de l'eau peu chaude et frictionner la tête très modérément. Descendu dans la piscine, il n'y plongera pas la tête souvent, mais seulement deux ou trois fois. Dès son arrivée au bassin d'eau froide, on versera d'abord une petite quantité d'eau sur sa tète. On ne laissera des cendre ensuite le malade dans la piscine qu'ainsi préparé, afin que le cerveau n'attire pas à lui et ne retienne pas les vapeurs qui montent de tout le corps. Enveloppé dans des couvertures de laine, le patient prendra de nouveau de l'eau dans ses mains pour s'en asperger le front. Après le bain, il évitera de boire immédiatement du vin pur, rien n'excite autant le réveil du mal, aussi, faut-il se garder de donner du vin pur, surtout aux épileptiques.
Tels sont les procédés à employer et le régime qu'il convient de suivre non seulement chez l'enfant, mais encore chez l'adulte dans la plénitude de sa vigueur.
Si la maladie est ancienne et difficile à chasser parce qu'elle se moque des remèdes de douceur, on usera alors de ceux qui peuvent altérer davantage et abattre entièrement la diathèse, spécialement du purgatif contenant de l'ellébore blanc (Veratrum album, L.), dont voici la formule :

Purgatif à l'ellébore blanc (19).

Baies de laurier nettoyées (Baccae lauri)
Turbith blanc (Globularia alypum, L.) (20)
Poivre blanc (Piper, L.), poivre décortiqué
Résine d'euphorbe (Euphorbium)
Ellébore blanc (Veratrum album, L.).
8 siliques
8 siliques
8 siliques
8 siliques
8 siliques
1 gr. 936
1 gr. 936
1 gr. 936
1 gr. 936
1 gr. 936

Broyez toutes ces substances après les avoir pesées comme if est prescrit et donnez le tout en une seule dose dans une décoction de coloquinte (Cucumis colocynthis). Celle-ci se prépare ainsi : prenez une coloquinte, remplissez-la de moût bouilli après l'avoir bien nettoyée, de façon à ce qu'il ne reste à l'intérieur aucune graine, ni aucune bourre laineuse et laissez ainsi sur de la cendre chaude du soir jusqu'au matin, pendant toute la nuit. Donnez le médicament ainsi préparé, il est d'un très grand effet, il débarrasse, par les vomissements, de la plupart des produits de déchets trop épaissis et visqueux.
On doit aussi faciliter le vomissement lorsque le malade est pris de nausées ou que son estomac se soulève, en lui faisant prendre un peu d'eau miellée. Au cas même où il n'aurait rien rejeté d'important par le haut avec les nausées, on se servira de plumes pour exciter la contraction de l'estomac et on fera prendre un peu plus d'eau miellée. De cette façon, les produits de déchets adhérents à l'estomac seront évacués plus facilement. Après l'évacuation, donnez un peu de pain trempé dans du vin miellé et défendez le bain un jour ou deux.
Il convient de savoir, d'ailleurs, que chez ceux dont l'orifice de l'estomac est affaibli et très sensible, on ne doit pas mettre d'ellébore blanc (Veratrum album, L.), dans le purgatif, mais plutôt de l'ellébore noir (Helleborus orientalis, L.) (21). Il est inoffensif et utile sans provoquer aucun trouble violent. Quant à moi, j'ai obtenu une purgation parfaite avec la médecine sacrée et la pierre arménienne (Lapis armenius). En en donnant 3 scrupules (4 gr. 362), le soulagement survenait. Je n'ai rien trouvé d'aussi efficace chez les épileptiques invétérés que ce purgatif. J'ai connu beaucoup de personnes, déjà abandonnées par d'autres médecins, qui furent guéries par lui seul. Après les purgations, il reste encore à faire prendre quelques antidotes capables de renouveler les humeurs (22) et de dissiper celles qui pourraient se trouver encore dans la circulation. A cette catégorie appartiennent la préparation dite « Echelle de Mercure » et la Thériaque.
Ces médicaments sont, il est vrai, complexes et difficiles à préparer. Parmi les remèdes simples, un d'eux est facile à obtenir et très puissant, c'est la racine de pyrèthre (Anthemis pyrethrum, L.) écrasée et mélangée à du miel, prise à la dose d'une cochlée (une cuillerée) par intervalle, jusqu'à onze fois. Ce remède salutaire a fait ses preuves, ne le dédaignez pas à cause de sa vulgarité :

Moyens naturels anti-épileptiques.

Ce que nous venons de dire des épileptiques est tout ce que nous avons appris et ce que nous a fait connaître une longue expérience. Mais comme quelques personnes se plaisent aux moyens naturels et aux amulettes, désirent s'en servir et, à la vérité, parviennent à leur but, j'ai jugé à propos d'en indiquer quelques-uns à ceux qui sont désireux de les connaître. De cette façon, le médecin sera largement muni de toutes sortes de moyens pour soulager les malades.
Archigène (23), dans ses livres sur l'Etre, formule une prescription en ces termes : « Pendant les accès, il faut maintenir tous les membres du malade de la même façon que ceux des personnes prises périodiquement d'attaques de raideur (24), diriger chacun d'eux avec les mains enduites d'un corps gras et les maintenir modérément, obtenir le calme en massant doucement les globes oculaires et par les moyens rafraîchissants, en outre, recourir à une saignée à l'occasion. » L'attaque passée, frictionnez et réchauffez la tête avec des linges de laine, puis arrosez-la abondamment avec de l'huile chaude.
Mais si les malades sont atteints d'épilepsie s'accompagnant d'attaques de sommeil, mettez-les dans une étoffe très fine ou dans quelque autre vêtement de laine et ordonnez de les secouer. Scarifiez le point que vous voudrez du corps du patient, enduisez sa bouche de sang et il se réveillera. Après les accès, la disparition complète de la maladie doit être entreprise par des médecins spécialement exercés en ce genre de maladie. Nous allons essayer de l'obtenir sans recherche inutile, mais auparavant, il convient d'indiquer les symptômes avant-coureurs du mal et les remèdes propres à le vaincre.

Signes servant au diagnostic de l'épilepsie.

On reconnaîtra un épileptique de la manière suivante : enveloppez le malade d'une peau de chèvre et trempez-le dans l'eau de mer, il tombera aussitôt.
Autre moyen : après lui avoir lavé la tête, faites-lui brûler sous le nez de la corne de chèvre, il s'affaissera immédiatement à l'odeur.
La pierre gagate (25) (pierre de jais) produit également le même effet, quand, après l'avoir mise sur le feu, on l'approche des narines, elle détermine la chute du sujet.
Dans un autre exemplaire, on lit : mettez un peu de myrrhe dans les narines et le malade s'abattra.

Moyen trouvé par Apollonius
(26) pour reconnaître facilement si une épilepsie est curable.

Une fois le malade tombé en attaque, mettez du thym (Thymus, L.) près de lui ; s'il le prend, il est guérissable, sinon, il ne l'est pas. Un moyen de reconnaître et de prévoir aussi l'épilepsie, c'est, dit-on, de constater que les veines sublinguales sont dilatées (27).

Traitement indiqué dans le second livre de Théodore (28).

Au moment où un épileptique vient de s'abattre, retirez à la lancette du sang d'un des gros orteils des pieds, frottez-en les lèvres et le front et il se relèvera aussitôt. Apollonius (29) prétend qu'on fera bien de donner aux épileptiques leur propre sang en boisson et de leur interdire le vin. On trouve cette opinion aussi chez Xénocrates (30).

Autre traitement.

Un autre moyen aussi fait merveille : chez les jeunes petits d'hirondelles dont on ouvre le corps, on trouve deux pierres (31), dont l'une est noire et l'autre blanche. Placez la blanche sur l'épileptique affaissé et vous le réveillerez ; quant à la noire, attachez-la lui sur la peau. Les hirondelles (Hirundo, L.), dit-on, ne donnent ces deux pierres qu'à leur petit premier-né ; on ne les trouve donc pas facilement, à moins d'ouvrir de nombreux oisillons.

Autre moyen.

Prenez un caméléon (Chamaeleon vulgaris, L.), faites-le bouillir dans l'huile jusqu'à ce qu'il soit liquéfié en épaississant l'huile. L'animal, une fois dissous, recueillez ses os, enterrez-les dans un endroit sans soleil, puis, après avoir tourné l'épileptique affaissé sur le ventre, enduisez-lui le dos avec l'huile depuis le sacrum jusqu'à la première vertèbre. Il se réveillera immédiatement. Faites cela pendant 7 jours et vous chasserez complètement la maladie. Quant à l'huile, conservez-la dans une boite de buis.

Autre moyen.

D'aucuns prétendent qu'il faut traiter les épileptiques avérés suivant les recommandations d'Archigène. On commencera par régler leur régime, leur prescrire de faire usage de boissons aqueuses appropriées à leur état, de s'abstenir de viande et de rapports sexuels (32). Veillez à faire faire des onctions sur le corps du malade par des, gens exercés, car elles conviennent bien aux épileptiques. Donnez-leur à boire, à jeun, du foie de belette (Mustela vulgaris, Erxl), débarrassé de son fiel dans un demi-cotyle (13 centili. 5) d'eau, pendant trois jours. Quelques personnes disent qu'en offrant en boisson une partie des cendres d'un certain oiseau, la mouette (?), on arrête la maladie. Ces recettes viennent d'Archigène.

Autre procédé.

Voici un autre moyen qui se trouve au troisième livre de Straton (33). Tenez enfermé un chien pendant 14 jours et ne lui laissez manger que des os. Le 15e jour, brûlez environ deux cochlées (2 cuillerées) de la fiente blanche de ce chien et faites-les prendre au malade dans une potion pendant 5 jours.

Autre procédé.

J'ai emprunté en Toscane le procédé suivant à un paysan qui prétendait avoir débarrassé quelqu'un de l'épilepsie par hasard. Il se trouvait dans un champ occupé à couper de la rue sauvage (Peganum harmala, L.) (34), lorsque son compagnon d'esclavage, épileptique, s'affaissa. Lui, s'approchant, tout pénétré de l'odeur de rue, saisit les narines du malade dont la crise fut arrêtée et qui se réveilla. Le paysan essaya cette manoeuvre sur un autre individu et le délivra de son mal. A mon tour, je me suis servi de ce traitement nombre de fois. C'est un moyen merveilleusement remarquable, mais qui n'est pas à donner.

Remède tiré du 580 livre de Théodorus Moschion
(35) sur les épileptiques.
Staphisaigre (36) (Delphinium staphysagria, L.)
Castoréum (Castoreum)
Suc de peucédan (Peucedanum officinale, L.)
Pyrèthre (37) (Anthemis pyrethrum, L.)
8 drachmes
4 drachmes
2 drachmes
2 drachmes

34 gr. 904
18 gr. 452
  8 gr. 726
  8 gr. 726
Broyez la staphisaigre et mettez-la dans une vessie de brebis ou de chèvre contenant encore de l'urine. Faites sécher, puis pulvérisez, tamisez, mélangez aux autres substances et donnez avec de l'eau miellée suivant les forces.

Autre moyen que j'ai emprunté à un paysan de Corcyre.

Desséchez de l'urine de sanglier dans la cheminée, réduisez en poudre et donnez-en la valeur d'une fève pendant 30 jours avec de l'oxymel.

Autre moyen que j'ai recueilli en Gaule
(38).

Prenez des testicules de coq, desséchez-les, faites-les absorber à jeun en breuvage avec de l'eau et du lait pendant sept jours. Prescrivez d'éviter le vin.

Autre moyen dû à Marsinus le Thrace
(39).

Prenez un linge ensanglanté (40) du sang d'un gladiateur tué ou de quelque autre condamné, brûlez-le, mêlez sa cendre à du vin ; en offrant à boire ce mélange pendant sept jours, vous chasserez la maladie. C'est un remède supérieur et éprouvé pour avoir été donné souvent.

Remède tiré des compléments aux livres de Straton et qu'on dit être d'Orphée (41).

Pulvérisez de la racine de morelle (Solanum, L.) recueillie vers le déclin de la lune et donnez-en en boisson, le premier jour, une dose, le deuxième jour, deux doses, puis le troisième trois, puis le quatrième quatre et ainsi de suite jusqu'à quinze doses. C'est un remède mystérieux et admiré par beaucoup de monde.

Recette que j'ai apprise en Espagne contre l'épilepsie.

Ecrasez un crâne (42) d'âne soigneusement brûlé, tamisez, puis placez dans une boîte de buis et donnez-en une drachme (4 gr. 363), lorsque besoin est. Dans une autre formule j'ai trouvé la dose de 2 drachmes (8 gr. 726) dans un cotyle (0 lit. 27) d'eau froide. Avant d'offrir le médicament, écrasez de la sabine fraîche (Juniperus sabina, L.) et faites-en boire 3 drachmes (13 gr. 089) dans un cotyle (0 lit. 27) d'eau. D'après une autre, ce serait 1 cochlée (1 cuillerée) à prendre à jeun pendant deux jours lorsque le temps est nuageux. Puis laissez passer quelques jours et administrez la poudre de crâne d'âne. Cependant, avant d'absorber quelqu'une des substances précédentes, débarrassez d'abord la tête du malade pendant 3 jours avec le remède indiqué ci-dessous.
Staphysaigre (Delphinium staphysagria, L.)
Moutarde (Sinapis, L.)
Pyrèthre (Anthemis pyrethrum, L.)
Sel ammoniac
4 onces
4 onces
1 drachme
1 drachme
108 gr. 8
108 gr. 8
    4 gr. 363
    4 gr. 363
Broyez le tout, réduisez en poussière, tamisez et faites mâcher dans la bouche pendant un jour, durant lequel le malade gardera
la bouche ouverte pour rejeter la pituite (43). C'est un moyen tout à fait merveilleux.

Amulettes et moyens spécifiques contre l'épilepsie tirés des oeuvres d'Archigène.

Les amulettes suivantes sont utiles contre l'épilepsie, d'après le pharmacologiste Asclépiades (44). Attachez au bras du patient un clou qui fut enfoncé dans une croix et vous chasserez la maladie. Zalachthes (45) dit : La pierre de jaspe (46) surnommée pierre enfumée arrête tous les maux survenant à la tête et à l'intelligence. Quand on l'écrase dans l'eau pour servir en lotion, elle a des effets évidents et étonnants. Ostanes (47) rapporte ce moyen : Prenez du corail (Isis nobilis, Pall.), de la racine de pivoine (Poeonia, L.) et de morelle (Solanum, L.) recueillie au déclin de la lune. Enfermez le tout dans une linge de lin et attachez ce sachet au cou du malade.

Autre spécifique.

Faites porter au doigt un morceau de jaspe (48) semblable à une turquoise et il chassera la maladie. C'est un moyen de grande valeur (49).

Autre moyen.

On rapporte que Démocrate l'Athénien (50), étant épileptique dans son jeune âge, se rendit à Delphes et demanda au dieu quel talisman il devait employer parmi le grand nombre de ceux qui lui étaient proposés comme opposés à sa maladie. Et la Pythie lui répondit :
« La chèvre forme avec les humeurs des retraites humides du cerveau un long ver qui est expulsé par les naseaux. »
Ou bien ceci :
« Chez une chèvre appartenant de préférence à un troupeau qui vit dans les champs, prend un long ver qui se forme dans la tête et qui est rejeté par les naseaux avec un grand nombre de vers provenant du front de la bête. Recueille ce ver et entoure-le de la dépouille d'une brebis. »
Démocrate, entendant cette réponse, se demandait ce que le dieu avait bien voulu dire. Il s'en vint trouver Theognostos, un parent de Démocrite, alors âgé de 98 ans, et lui fit part de l'oracle. Le vieillard admira beaucoup la sagesse divine, l'habileté et l'obscurité de sa parole ambiguë, puis expliqua le sens de l'oracle. Il arrive naturellement dans certains troupeaux de chèvres, dit-il, que leur tête se remplit vers la base du cerveau d'une quantité de vers. Sous l'influence des éternuements de l'animal, beaucoup de ces vers tombent des narines des chèvres. On doit alors étendre une couverture sur le sol pour empêcher les vers de gagner la terre, en prendre un ou trois, les enfermer dans la peau d'une brebis noire et suspendre ce sachet au cou du malade encore jeune. Ce moyen, prétend-on, est spécifiquement antagoniste de la maladie.

Autre amulette destinée au même usage qui se trouve dans Straton (51) et qui est attribuée à Moschion.

Le frontal d'un crâne (52) d'âne porté sur soi, attaché contre la peau, chasse la maladie.

Autre moyen.

Prenez un clou à un navire brisé par un naufrage, formez-en un bracelet assez large pour y insérer un os de coeur de cerf et faites-le porter au bras gauche. Arrachez le coeur à un cerf (Cervus, L.) encore vivant, ouvrez-le et vous trouverez sur-le-champ, à l'aide d'une sonde, une sorte de morceau de chair durcie comme de l'os, mettez-le sécher et employez-le, suivant l'indication précédente, vous serez étonné de l'effet produit.

Autre procédé.

Prenez un petit linge provenant d'un navire naufragé déjà brisé et ayant longtemps navigué, attachez-le au bras droit du patient 7 semaines pendant lesquelles il restera sans se laver ni boire du vin, et la maladie sera chassée. Si vous lui faites sentir des poils d'âne et de mule, il tombera en crise. Si vous lui soufflez sous les narines de la poudre de pyrèthre (Anthemis pyrethrum, L.), il éternuera dans le cas où sa maladie est curable, sinon il est incurable.

Autre.

Suspendez au cou un morceau de corail retiré du cerveau d'un âne où on l'aura mis quelque temps. Donnez ensuite une tisane à la racine de pivoine (Poenia, L.) et de morelle (Solanum, L.) pendant le déclin de la lune, à la dose d'un grain le premier jour, puis de 2 grains, puis de 4 et ainsi jusqu'à 15 jours. La chrysolythe réussit également bien, de même que le jaspe (53) s'il est d'un bleu d'azur transparent ou semblable au bleu de la turquoise et quand on le porte au doigt monté en bague. Ces remèdes possèdent, aux dires des anciens, une sorte d'efficacité naturelle, tandis que ceux que nous avions exposés précédemment répondent à une méthode de traitement. C'est que le médecin instruit doit s'efforcer de soulager par tous les moyens et d'utiliser aussi bien les sortilèges que les recettes savantes et les méthodes de l'art il doit, comme on dit, mettre tout en oeuvre et s'ingénier heureusement pour débarrasser un malade d'une longue et pénible maladie. Pour moi, j'aime à me servir de tout (54). Cependant, comme un grand nombre de personnes, à l'époque actuelle, blâment, sans savoir pourquoi, les médecins qui emploient les moyens naturels, je me suis gardé de recourir continuellement aux procédés mettant en action des forces naturelles et je me suis efforcé de vaincre la maladie par l'art médical employé avec méthode. Je connais non seulement des épileptiques, mais encore beaucoup de gens atteints de maladies diverses qui furent guéris par le régime et les médicaments. Aussi, aujourd'hui, je recommande à celui qui veut triompher de l'épilepsie d'employer de préférence le traitement alimentaire et médicamenteux indiqué tout à l'heure, car son espoir ne sera pas déçu. On obtient une action plus énergique quand on ajoute aux remèdes cités plus haut une potion au cyphi solaire (55), surtout après une purgation. Il convient d'en boire une fois par jour au déclin de la lune et d'agir ainsi jusqu'à la disparition complète de la maladie. Rien n'empêche, même lorsqu'elle est guérie, de continuer d'en donner dans un but de préservation jusqu'à ce que vous constatiez sûrement la disparition bien nette du mal et qu'il n'en subsiste aucun vestige. Vous veillerez, en général, à éviter une occasion quelconque de retour de la maladie et avant tout l'indigestion, comme le plus grand des malheurs. Méfiez-vous de l'indigestion, soit aux repas de la journée, soit à celui du soir, et prenez vos précautions contre une heure trop tardive du dîner ou un mouvement de la bile. Que les malades se gardent de boire aussitôt après le bain, comme nous l'avons dit, et surtout du vin pur, des vins très vieux et des vins trop jeunes et âpres. Par contre, qu'ils boivent du lait et mangent du fromage ou quelque autre préparation au lait.
Ils fuiront toutes les choses sentant mauvais et éviteront absolument de séjourner dans les endroits de ce genre (56), ils respireront le plus possible des parfums, éviteront de fixer trop longtemps en gardant les yeux dirigés en haut, de se couvrir trop, de s'échauffer la tête, de rester longtemps au soleil ou dans un endroit où il y a beaucoup de feu, de s'attarder dans le bain, de s'asperger une seconde fois la tête d'eau chaude, de se baigner de nouveau, la digestion n'étant pas faite. Ils s'interdiront aussi de prendre après le repas quelque plat sucré ou quelque boisson, car cela exaspère la maladie, surtout chez ceux qui sont sujets à un épanchement de bile jaune dans l'estomac. Il faut donc leur donner un régime alimentaire bien modéré et ne pas leur fournir, comme aux sujets qui ont des amas de pituite, des substances qui réduisent de toutes façons les humeurs et les échauffent. En observant attentivement ces précautions, on n'a pas besoin d'autres sortes de remèdes et surtout de ceux qui sont douloureux ou mettent la vie en péril, comme parfois l'ouverture d'une artère, la trépanation, les cautères et tant d'autres procédés qui sont pour la plupart bien plus un supplice qu'un traitement.


NOTES

(1) Explication d'Hippocrate (VI), de Galien (XVII), d'Arétée. Coelius Aurelianus (De chron., I) l'expose ainsi : « appellatur... sacra sive quod divinitus, putetur immissa, sive quod sacram contaminet animam, sive quod in capite flat, quod multorum philosophorum judicio sacrum templum est partis animae in corpore natae. »

(2) Explication analogue chez Galien (XVII).

(3) Observation faite par Galien (XI).

(4) Nom relaté avec la même explication par Hippocrate (II), Galien (XVII) et Coelius Aurélianus.

(5) Actuellement, les éleveurs emploient sa farine pour engraisser plus rapidement les animaux.

(6) C'est peut-être aussi l'eruca marina qui a d'ailleurs la même action.

(7) Les propriétés de toutes ces plantes congestives des organes du bassin et, aphrodisiaques sont bien connues. Leur effet sur l'homme est le même comme en témoigne le vers de Columelle à propos de la roquette (Eruca sativa) : « Excitet ut veneri tardos eruca maritos ».

(8) Il s'agit, d'après le terme grec, des fours portatifs en terre cuite à faire griller l'orge, fours encore très fréquemment utilisés en Orient pour cuire de petites galettes de pâte.

(9) Athamanta Cretensis ou Daucus de Crète, ombellifère aux fruits excitants, carminatifs ; diurétiques, très répandus dans le Levant.

(10) Smyrnium dit, Smyrnium de Crète (ombellifère), plante bisannuelle très abondante en Asie Occidentale et, dans l'Afrique du Nord. Ses séminoïdes sont un stimulant, diffusible, diurétique.

(11) Le thon, comme l'ont fait remarquer Daremberg et Puschmann, était diversement désigné suivant son âge, Aristote (Histoire des animaux, VI), Pline (IX), Athénée (VII), Oribase (I). Traduction Daremberg.

(12) Il s'agit de petits gâteaux secs dont la pâte contenait différents fruits secs, entiers ou en parcelles, à la façon de nos gâteaux à l'anis actuels, ou des macarons, ou des petits pains aux raisins secs.

(13) Coelius Aurelianus (De chron., I), émet le même avis.

(14) Aetius (XIII) et Paul d'Egine (VII) donnent la même composition de ce purgatif fréquemment employé par les Anciens. L'assemblage de ces drastiques est dû aux Egyptiens, mais les divers auteurs en variant les quantités croyaient différencier leurs formules.

(15) Même opinion chez Galien (XI).

(16) Il s'agit ici soit de l'Origanum vulgare, appelée vulgairement, marjolaine sauvage ou bâtarde, soit de l'Origanum creticum, l'origan de Crète.

(17) Ce procédé de l'indigestion pour obtenir le vomissement était systématisé chez les Anciens et s'appelait la drimiphagie.

(18) Le lepidium latifolium est aussi appelé la grande passerage, s'opposant à la petite passerage : lepidium oberis. C'est une crucifère succédanée du raifort déjà employé par l'auteur dans l'épilepsie infantile. A noter la description de l'aura comitiale qui précède l'accès pour son exactitude.

(19) L'ellébore blanc, vulgairement appelé vératre, varaire, est une colchicacée dont la racine a été employée très anciennement et l'est encore, surtout en Angleterre. Il n'est pas absolument certain pour tous les auteurs que ce soit là la plante désignée par Alexandre de Tralles ; quelques-uns tiennent pour la « Digitalis ferruginea (L.), d'autres pour l'Helleborus foetidus ». Mais Dioscoride (IV), Celse (III), Pline (XXV) en vantant une racine blanc-grisâtre comme un remède très renommé contre l'épilepsie, semblent bien appuyer l'interprétation actuelle. Malgré ses dangers, ce purgatif était très en faveur à l'école d'Alexandrie. Jacques le Psychreste l'employa chez les Byzantins avec précaution. Alexandre de Tralles s'en méfie beaucoup, ainsi qu'on le verra à propos de l'état atrabilaire ou mélancolique, page 235.

(20) Le turbith blanc, très commun sur les bords africains de la Méditerranée, est encore employé comme purgatif et passe auprès des indigènes pour guérir la fièvre intermittente.

(21) Malgré l'expression d'ellébore noir, ce ne doit pas être l'Helleborus niger dont veut parler l'auteur, mais l'Helleborus orientalis très employé par les Anciens, commun dans le Levant et en Grèce, où il croissait principalement aux environs d'Anticyre.

(22) Les Anciens, comme nous l'avons, vu au début de l'ouvrage, avaient la prétention de pouvoir renouveler le milieu humoral de l'organisme, donc de changer les diathèses.

(23) Archigène, né à Apamée, vers la fin du 1er siècle après J.-Ch., exerça à Rome comme l'indique Juvénal (Satires, VI, 235 ; XIII, 97, et XIV, 252). Il ne nous reste que quelques fragments de ses oeuvres qui durent être considérables, si on en juge par les titres qui nous sont parvenus et les nombreuses mentions qu'en fait Galien. Il avait surtout approfondi la pharmacopée végétale. Il eut une réputation extraordinaire auprès de ses contemporains, mais il passait pour volontairement obscur auprès de ses confrères médecins.

(24) Il semble qu'il s'agisse d'un traitement de la crise d'hystérie et même du traitement hypnotique.

(25) On pense que la pierre gagate des Anciens est le jais actuel. Les singulières propriétés qu'on lui accordait l'avaient fait recommander contre l'épilepsie et l'hystérie pendant toute l'antiquité. Voir Dioscoride (V), Galien (XII), Pline (XXXVI), Aetius (II). L'action des excitants et des odeurs violentes est bien connue dans l'hystérie que les Anciens ne séparaient pas de l'épilepsie, ainsi que le fait Alexandre de Tralles.

(26) Puschmann croit avec raison qu'il s'agit ici d'Apollonius de Cittium qui, comme Coelius Aurelianus (De Chron., I) le rapporte, a écrit un ouvrage sur l'épilepsie. Il aurait appartenu à l'école des empiriques et serait le plus jeune des deux Apollonius dont parle Galien (XIV). Comme il était de l'école de Zopyre, il devait vivre au milieu du Ier siècle (Puschmann). Sa réputation fut très grande à cause de son talent d'observation.

(27) La crise épileptique étant très courte. pouvait se distinguer ainsi de la crise d'hystérie assez longue et suivie d'une période d'hébétude ne permettant pas de prendre quelque chose à côté de soi et s'accompagnant souvent d'anesthésie partielle. L'aspect des veines sublinguales n'est pas un moyen absolument ridicule. On peut l'expliquer en pensant que l'attaque s'accompagnant d'un peu de congestion de la tête, les veines sublinguales doivent se dilater davantage chez les malades à accès fréquents, surtout étant donné que la langue se trouve souvent coupée ou serrée entre les dents dans la crise épileptique, ce qui arrive rarement dans l'hystérie.

(28) Plusieurs auteurs médicaux en dehors de Théodorus Priscianus et Théodorus Moschion dont les noms sont parvenus jusqu'à nous, ont dû porter ce nom de Théodorus. On ne peut donc dire avec quelque certitude quel est le médecin indiqué ici par Alexandre de Tralles.

(29) Il s'agit vraisemblablement toujours d'Apollonius de Cittium, le plus jeune des deux Apollonius. Mais beaucoup d'auteurs médicaux ont porté ce nom et l'identification n'est pas indiscutable.

(30) Xénocrates d'Aphrodisie florissait vers l'année 75. Il écrivit, d'après Galien (XI), un ouvrage sur les remèdes tirés des animaux dont il nous reste seulement un fragment.

(31) Pline écrit au livre XI : « In ventre hirudinum pullis lapilli candido aut rubenti colore, qui chelidonii vocantur, magicis narrati artibus reperiuntur ». Il y revient livre XXX. Même opinion chez Dioscoride (II).

(32) L'opinion que les rapports sexuels développent les crises chez les épileptiques était très répandue dans l'antiquité et tous les anciens auteurs condamnent le coït dans cette affection. Asclépiade, d'après Coelius Aurelianus (De chron., I, 4), et Rufus, d'après Aetius (III, 8), avaient déjà établi un rapport entre l'acte vénérien et le mal comitial. Praxagoras, Celse (III, 23), Arétée, considèrent le coït comme une cause de crise. Galien (VIII), penche même pour en faire une des causes de l'épilepsie. Quelques auteurs renchérissent encore davantage, au point que Démocrite voit dans le coït une sorte de petite épilepsie. Cette hypothèse est rappelée par les compilateurs et obtient tant de considération que Coelius Aurelianus conseille la castration comme moyen de guérir l'épilepsie. Oribase (I, 668) n'est pas loin d'admettre la valeur de ce traitement. Nous avons vu qu'au contraire, A. de Tralles n'en fait pas mention plus haut.

(33) Straton était un nom assez répandu dans l'antiquité ; aussi l'identification de l'auteur n'est-elle pas certaine. Dans les écrits médicaux qui nous sont restés des anciens auteurs, ce nom revient plusieurs fois. On connaît un Straton de Béryte qui fut disciple d'Erasistrate. (Fabricius, Bibl. grec, t. XIII, p. 428 et suivantes.)

(34) Peganum harmala (la rue sauvage) est encore cultivée aujourd'hui pour ses semences qui sont enivrantes, soporifiques et vénéneuses. Le paysan toscan devait donc probablement écraser des tiges ou des rameaux de la plante. L'odeur forte a pu suffire à impressionner vivement le malade et, d'ailleurs, les crises d'épilepsie sont très courtes.

(35) Théodorus Moschion est un nom qui, fut porté par plusieurs auteurs médicaux ; Galien cite un Moschion comme auteur d'un ouvrage sur les Cosmétiques et d'un commentaire d'Asclépiades (XII, p. 416, e VIII, p. 758), Pline (XIX, 26), parle d'un autre comme auteur d'une monographie sur les raiforts. Enfin un Moschion aussi composa un livre sur les maladies des femmes, dont Dewez donna une édition en 1793. S. Fabricius, Bibl. grec, t. XII, page 702.

(36) Plante excitante émétique, purgative, anti-parasitaire, encore employée, mais seulement à l'extérieur en infusé ou décocté contre la vermine. A l'intérieur, elle est dangereuse et ne sert guère qu'à enivrer les poissons.

(37) Pyrèthre (synanthérées), encore appelée salivaire. Plante très connue sur le littoral méditerranéen et principalement en Afrique du Nord. Elle nous vient encore de Tunisie. Elle est excitante, sialagogue. La pyrèthre parasiticide est Pyrethrum caucasium, originaire spécialement de Dalmatie.

(38) Utilisation de la médecine orchitique renouvelée de nos jours sans succès. Le suc testiculaire s'est montré plutôt défavorable aux épileptiques dont il rapprocherait les crises. A noter le séjour d'Alexandre de Tralles en Gaule.

(39) Auteur inconnu dont aucun ouvrage ne nous est parvenu, toutefois postérieur à l'Empire Romain où les combats de gladiateurs commencèrent à devenir fréquents.

(40) Celse écrit (III) : « Quidam jugulati gladiatoris calido sanguine epoto tali morbo se liberarunt ». Pline mentionne de même que certaines gens à Rome buvaient, pour se donner des forces, le sang des gladiateurs ou des esclaves qui combattaient au Cirque dans les fêtes.

(41) Orphée. Ce nom est cité par Galien (XIV, p. 144), comme celui d'un auteur qui a laissé des ouvrages remarquables. Pline le cite pour avoir beaucoup écrit et Aetius en fait mention (I-b-10). Faut-il attribuer la recette en question à un auteur médical de ce nom ou étant donnée la mention vague « qu'on dit être d'Orphée », supposer qu'elle a été mise sur le compte du personnage mystique d'Orphée? Comme il s'agit d'une sorte de talisman d'une valeur mystérieuse, toutes les conjonctures sont admissibles.

(42) La poudre de crâne, employée dans l'antiquité, le restera pendant le Moyen Age et jusqu'au XVIIe siècle, toutefois le crâne humain fut considéré comme supérieur et on en tira une longue série de préparations perpétuées jusqu'à Lémery, contre l'épilepsie. (Dr Brunet, « La médication organique avant Brown-Séquard ». Archives clin., Bordeaux, 1898.)
A noter le séjour d'Alexandre de Tralles en Espagne, ce qui nous a lait présumer qu'il accompagna les troupes byzantines de terre et de mer du Patrice Liberius qui reprit ce pays aux Wisigoths, en 554.

(43) L'action sialagogue de la pyrèthre devait provoquer une salivation intense nécessitant de laisser la salive s'écouler la bouche ouverte.

(44) Asclépiades, célèbre médecin qui exerça à Rome avec la plus haute réputation entre 130 et 90 avant Jésus-Christ. Ami de Crassus et d'Antoine, contemporain de Cicéron qui le cite dans le « De Oratore » (livre I, 14), passa pour être très versé dans la pharmacologie et avoir introduit beaucoup de nouveautés dans la thérapeutique. Ses ouvrages étaient tenus en grande estime par Galien qui le cite (De sanitate tuenda, t. VI, p. 39). Il s'agit ici d'Asclépiades l'Ancien, né en Bithynie, qui réagit contre l'emploi abusif des bains et étudia spécialement les maladies aiguës.

(45) On ne possède aucune indication sur ce personnage qui parait s'être occupé de magie médicale en Orient.

(46) Les pierres précieuses ou les pierres rares ont été employées de bonne heure pour fournir des médicaments à petite dose et frapper l'imagination. Toutes les variétés de carbonate de chaux, même d'origine organique ont été utilisées à ce titre jusqu'à une époque très rapprochée, par exemple les yeux d'écrevisse. Michel Psellos a laissé un traité sur les propriétés des pierres, d'après Anaxagore, Empédocle et Alexandre d'Aphrodisie.

(47) Ostanes, mage persan qui eut une renommée étonnante et dont le souvenir a été conservé par les écrits littéraires, d'une façon trop imprécise cependant pour qu'on puisse se faire une opinion à son sujet. On sait toutefois que Rome fut envahie à une certaine époque par des médecins orientaux et grecs qui suscitaient la colère de Caton. Ostanes fut peut-être l'un d'eux. Voir Dioscoride .(IV, 33), Pline (Hist. nat., 30), Fabricius (Bibl. Gr., t. I, p. 92, et XIII, page 364).

(48) Dioscoride (V) raconte en effet, qu'il y avait une variété de jaspe ressemblant par sa couleur à la turquoise. Pline indique également le grand emploi qu'on en faisait dans l'antiquité (Hist. nat., XXXV, II). Michel Psellos et les auteurs byzantins citent le jaspe contre les maux de tête.

(49) Il faudrait remonter aux premiers ouvrages de magie d'Assyrie, de Perse et d'Egypte pour trouver l'origine de l'influence attribuée aux pierres précieuses sur les maladies. Leur usage se conservera jusqu'au moyen âge, très répandu. Isabeau de Bavière en consommait pour une somme considérable. Les Byzantins ont codifié l'application des pierres précieuses aux maladies.

(50) Galien et Pline nous font supposer qu'il s'agit d'un médecin qui vivait au premier siècle avant Jésus-Christ et qui aurait exercé à Rome, où il fut très connu. C'est au moins à un médecin du même nom que Galien attribue (XII, 257-486), quelques formules empruntées à un ouvrage (XII, 889), traitant des oracles pythiques. D'après Pline, il aurait écrit une monographie de la plante Ibéris (Lepidium Iberis, L.), Pline (XXV, 49), ce qu'enregistrent Aetius (XIII, 111) et Fabricius (Bibl. grec., t. XIII, page 135).

(51) Le remède de Straton rend très douteuse l'identification de ce personnage avec Straton de Lampsaque, philosophe péripatéticien, disciple de Théophraste qui mourut vers 270, avant Jésus-Ch., à la tête du Lycée. Ayant séjourné longtemps en Egypte, précepteur de Ptolémée Philadelphe, ce fut un physicien très réputé dans son siècle, il est l'auteur d'un système qui expliquait le monde vivant par la force productrice de la nature et les seules lois de la physique et de la mécanique.

(52) On trouve ici un deuxième exemple du traitement de l'épilepsie par la poudre de crâne. Les variétés de cette médication sont très nombreuses et très anciennes. On utilisait non seulement les crânes des animaux, mais surtout des hommes et des hommes morts dans des circonstances tragiques. Voir « La Médication organique avant Brown-Séquard », Archives cliniques de Bordeaux, 1898, Docteur Brunet.)

(53) Il y aurait un très curieux chapitre à écrire sur les vertus médicales prêtées aux pierres précieuses par les Anciens, croyance transmise et conservée par l'occultisme jusqu'à nos jours. Venu probablement d'Egypte, marché des pierres précieuses de l'antiquité, le renom médical de certaines pierres passa en Grèce et de là à Rome et aux Byzantins. Les Arabes accueillirent volontiers cette opinion et leurs livres la transmirent aux alchimistes et à la pharmacopée hermétique qui la tinrent en grand honneur, la développèrent, s'efforcèrent de lui donner de la précision et une théorie, de sorte qu'elle fleurit encore dans l'occultisme moderne auprès de certains mages thérapeutes. Dioscoride, Pline, Alexandre de Tralles, Michel Psellos, Mesué, Albert le Grand, Paracelse, surtout Duchesne de la Violette, Van Helmont, Lémery se font l'écho de l'emploi toujours vivace des pierres précieuses depuis le début de notre ère.

(54) Faut-il faire remarquer combien cette profession de foi avec les réflexions qui la déterminent, la précèdent et la suivent, sont d'une importance capitale pour éclairer l'œuvre médicale d'Alexandre de Tralles ? Si elles ne nous paraissent, pas d'un esprit rigoureusement scientifique, il faut songer qu'à son époque la médecine n'avait alors que les moyens naturels pour agir sur l'imagination des malades. Alexandre de Tralles y a recours par humanité.

(55) Le cyphi était une préparation aromatique appelée aussi grand cyphi ou cyphi-soleil, d'origine probablement égyptienne, due aux prêtres d'Isis ou d'Osiris, les premiers médecins de l'antiquité. Elle comprenait, d'après Paul d'Egine (VII) qui donne sa composition, 36 substances. Aetius en fait mention (XIII).

(56) Dans Coelius Aurelianus (De chron., I, 4), même recommandation qui survivra très longtemps chez tous les auteurs médicaux.
Stats